sème sur la terre est le don de son joyeux avènement. Bacchus enfant courait déjà les bois, avec ses nourrices. « Et les Nymphes l’accompagnaient, » dit l’Hymne homérique, — « et il les conduisait, et le bruit de leurs pieds enveloppait la vaste forêt. » Maintenant que le voilà roi, il se forme une cour, un Thiase ; il monte sur un char et prend son élan. Quatre panthères accouplées le traînent, il ne les stimule ni par le fouet, ni par l’aiguillon, mais par une grappe qu’il presse sur leur nuque et dont le fumet les enivre. Toutes les énergies de la sève, toutes les forces de la nature naturante, toutes les obscénités du rut universel, prennent forme et souffle, figure et costume, pour se grouper autour de leur chef. Il attire dans son orbite excentrique un système d’êtres fabuleux, moitié bêtes et moitié génies, bâtards du ciel et de la terre, se rattachant à la vie physique dont il est le type souverain. Les Satyres capricants aux oreilles aiguisées en pointes, les Panisques à queue de singe, les Ægipans dont le cou est gonflé des glandes qui pendent à celui des chèvres, bondissent à sa suite. Après eux, galope la cavalerie monstrueuse des Centaures, qui hennissent au fumet du vin, comme les cerfs brament après la fraicheur des eaux vives. Les bouffons ne manquent pas à cette cour errante. Le vieux Silène est là, plein jusqu’au gosier, ballotté sur l’âne qui apprit à tailler la vigne,
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ESCHYLE.