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Page:Paul de Saint-Victor - Les deux masques, tome 1.djvu/25

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GRANDEUR ET DÉCADENCE DE BACCHUS.

lorsqu’on le vit la brouter. Il penche la tête sur ses mamelles rubicondes ; s’il descend de sa monture, sa marche s’égare en festons pesants ; deux Bacchantes soutiennent, par les aisselles, ses membres flottants, et barbouillent de lie sa face écrasée. Comos le suit, éclatant de rire jusqu’aux oreilles, comme le Masque ébauché de la comédie, qu’il essaye de temps en temps à son front hardi. Le vin pur, Acratos, et le vin doux, Edoinos, se sont élancés de leur tonne, une torche au poing, pour rallier la troupe altérée. Les jarres mêmes du cellier, les cratères et les rythons du festin, Céramos, Pithos, Cantharos, vaguement modelés en échansons d’argile, escortent péniblement les buveurs ils trébuchent sur leurs pieds encore pris dans le moule du socle, comme des cruches mal équilibrées, et laissent couler par leurs fissures la rouge liqueur dont ils sont gorgés.

Un sérail délirant se joint à cette armée effrénée. Ménades et Thyades, Lénées et Naïdes, Mimallones et Clodones : toutes enflammées de l’amour du dieu, gonflées de son souffle et de son esprit. Apollon n’a qu’une pythie, Bacchus en a mille. « Fou des femmes » Γυναιμανἠς, c’est un de ses titres. — « Sois propice » — s’écrie l’Hymne déjà cité, — « toi qui aimes les femmes à la fureur ! » Il est irrésistible sur elles, il les trouble et il les enchante ; il les prend