quêter de porte en porte, comme un vagabond. Platon les montre, déjà de son temps, obsédant les maisons des riches, leur promet tant la rémission de leurs péchés, leur vendant des sorts et des maléfices, pour quelques oboles. Démosthènes, dans un de ses plus violents discours contre Eschine, ne trouve rien de pire à lui reprocher que d’avoir servi dans la sacristie des Mystères orphiques de Bacchus.
« Tu faisais le métier d’initiateur. Quand tu étais adolescent, tu aidais ta mère dans ses opérations mystiques, tu lisais les formules pendant qu’elle initiait. La nuit, tu affublais les candidats d’une peau de faon, tu leur versais du vin, tu les aspergeais d’eau lustrale, tu les frottais de son et d’argile ; après la cérémonie, tu leur faisais dire : « J’ai fait le mal et j’ai trouvé le bien. » Tu te vantais de hurler mieux que personne, et je le crois ; avec une aussi belle voix, on doit primer par l’éclat des hurlements. Le jour, menant par les rues cette brillante troupe d’énergumènes couronnés de fenouil et de peuplier, pressant dans tes mains des serpents joufflus, et les élevant sur ta tête, tu vociférais à pleins poumons Évohé ! Suboé ! Et tu dansais en chantant : Hyès ! Attés ! Attés ! Hyès ! Les vieilles femmes te saluaient du nom de Chef, de Conducteur, de Porte-lierre, de Porte-van, et d’autres noms semblables. Elles te régalaient, pour honoraires, de tourtes, de gâteaux, de pains frais, dignes fruits de tes peines. »
La bande de ces charlatans bachiques se mêle bientôt à celles des bateleurs eunuques de Cybèle, moines mendiants de la fin païenne, qui couraient les foires et les marchés, au bruit des cymbales et