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Page:Petit de Julleville - Histoire de la langue et de la littérature française, t. 1, 1896.djvu/105

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LXXI
ORIGINES DE LA LANGUE FRANÇAISE

herberge, haire, hargner, haïr, hêtre, houx, horde, lodier (couvre-lit), morne, plege, poche, rauge, rouir, salle, tas, taudis.

Anglo-saxon : crabe, est, guimpe, havre, nord, ouest, sud.

Néerlandais : affaler, amarrer, beaupré, caille, chaloupe, digue, échasse, échoppe, écoute, étayer, étayer, layette, plaque, vacarme.

Ancien haut-allemand : baudre (d’où baudrier), brèche, crèche, coiffe, danser, défalquer, drille, échine, écrevisse, épier, escremir, (dé)falquer, fanon, fauteuil, gaffe, gai, galoper, garant, gerbe, grincer, guinder, haro, hulotte, hutte, stuc, tanner[1].

L’influence des idiomes germaniques sur la phonétique française a été en général tout à fait nulle, elle est très nette cependant sur deux points. D’abord elle a fait apparaître une prononciation nouvelle, ou tout au moins oubliée, celle de l’h, dite aspirée : haine, haubert, heaume, hauban, houx, honte, etc., avaient cette h. Elle rentra avec ces mots dans l’usage, si bien qu’elle en vint à s’introduire dans des mots latins, ou qui l’avaient perdue, ou qui même ne l’avaient jamais eue (altum = haut). Elle s’y est prononcée jusqu’au xviie siècle et, quoique muette, y garde cependant une valeur, aujourd’hui encore. D’autre part le w de mots comme warjan (guérir), wandanjan (gagner), influença le v latin initial, qui se fit précéder, comme le w germanique, d’un g en français. On eut de vespa, wespa = guespe (la guêpe) ; de vastare, wastare = guaster (gâter), comme on avait guarder de wardan.

La forme de déclinaison de l’ancien français, qui nous a laissé des formes telles que nonne, nonnain, était aussi, a-t-on dit, d’origine germanique. Le type Hugues, Hugon, est regardé de même par beaucoup comme étant d’origine germanique, mais ces rapprochements sont très contestables.

Il n’est pas impossible que les progrès de la science établissent encore des rapports nouveaux entre les deux grammaires. Par exemple, le développement de la formule on + un verbe actif me semble bien parallèle au développement de la

  1. J’ajoute ici qu’à diverses époques l’allemand nous a fourni d’autres mots ; à l’époque du moyen haut-allemand : bahut, blason, bosse, riffler, gâteau ; à l’époque moderne : blinder, boulevard, bismuth, carousse, chenapan, choppe, cobalt, criquet (cheval), éperlan, frime, gifle, groseille, hase, havresac, huguenot, obus, orphie, rafle, rame (de papier), triquer. Sur les mots venus du moyen anglais et de l’anglais moderne j’aurai à revenir plus loin.