Aller au contenu

Page:Petit de Julleville - Histoire de la langue et de la littérature française, t. 1, 1896.djvu/307

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
177
ROMANS ÉPIQUES

des chefs qui les défendent et de leurs forces. Deux frères, neveux de Ménécée, qui combattaient dans les camps opposés, se reconnaissent après s’être frappés à mort. La troupe de Polynice est surprise par Créon, embusqué dans les jardins, et Polynice qui suivait seul un sentier détourné est surpris par deux frères, qui le laissent aller sans rançon, en le priant de se souvenir d’eux plus tard. Aton, ayant commis l’imprudence d’aller à la bataille sans haubert, est tué involontairement par Tydée, qui l’avait d’abord dédaigné, mais qui est bientôt forcé de se défendre. Aton lui pardonne, et Tydée désolé le fait emporter à Thèbes sur son écu. Ismène faisait part à sa sœur d’un songe menaçant qu’elle avait eu, lorsqu’elle voit apporter un blessé. Elle s’évanouit, soupçonnant son malheur ; puis, revenue à elle, s’élance à la rencontre d’Aton, qui demande à voir sa fiancée et meurt aussitôt après. Étéocle, prévenu, fait cesser le combat et rentre dans la ville. Les chevaliers d’Aton le regrettent hautement, vantant sa libéralité et son courage. Ismène demande qu’on la ramène auprès du corps et exhale sa douleur en termes touchants. Le roi fait à Aton de magnifiques funérailles et fonde pour Ismène une abbaye de cent femmes.

Hippomédon, acclamé comme successeur de Tydée, que l’archer Menalippus a frappé à mort, se préoccupe de la situation de l’armée, qu’éprouve la famine. Sur des renseignements fournis par des Bulgares (Bougres) qui se trouvaient au camp, il va se ravitailler dans la plaine que baigne le Danube. Au retour, il a à combattre le comte du pays envahi, Faramonde, qui, averti, est venu de Thèbes s’embusquer sur son passage, et il met sa troupe en déroute grâce à un stratagème.

Polynice avait traité avec bienveillance Alexandre, un des prisonniers faits dans cette expédition, lequel était fils de Daire Le Roux, chargé de la garde d’une tour de la ville qu’il avait en fief. Il l’envoie à son père pour qu’il l’engage à livrer sa tour en échange de la liberté qu’il lui promet. Daire refuse d’abord de se parjurer, malgré les instances de sa femme, et déclare qu’il ne livrera sa tour que s’il peut le faire sans trahison. Le lendemain, il va trouver le roi et lui conseille de s’accorder avec son frère, au lieu d’accepter l’appui des Pinçonarts, qui veulent se faire rendre la « marche » (province frontière) conquise sur eux