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Page:Petit de Julleville - Histoire de la langue et de la littérature française, t. 1, 1896.djvu/308

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L’ÉPOPÉE ANTIQUE

par Œdipe. La discussion s’envenime, et Daire, frappé par le roi d’un coup de bâton sur la tête, fait dire à son fils qu’il se croit délié de ses devoirs de fidélité envers le roi et qu’il est prêt à livrer sa tour à Polynice. Celui-ci la fait occuper la nuit suivante ; mais un habile ingénieur la mine dans ses fondations : elle s’écroule et ses défenseurs sont pris. Daire est conduit devant le roi, qui veut le brûler vif comme traître.

Cependant, sur les observations d’Oton, Étéocle consent à le faire juger par les principaux barons. Oton essaie de justifier Daire en disant que le roi lui avait permis de lui faire tout le mal qu’il pourrait ; mais Créon, oncle du roi, établit les véritables devoirs du vassal à l’égard du suzerain : en aucun cas, Daire ne pouvait exposer le roi à périr sous les coups de ses ennemis. Oton réplique en invoquant le droit de représailles quand on est l’objet de violences. Au moment où les barons allaient rendre leur sentence, on les avertit qu’Étéocle s’est laissé fléchir par les prières de sa mère, d’Antigone, et surtout de la fille de Daire, Salemandre, qui consent à accepter enfin l’amour du roi. Daire proteste de son dévouement à l’avenir, sans toutefois convenir qu’il ait commis une trahison. Au camp des Grecs, Polynice sauve le fils de Daire, que l’on veut pendre comme traître, en le renvoyant à son père sur son propre cheval.

Hippomédon propose à Adraste d’user du stratagème bien connu, une fuite simulée, pour obliger les Thébains à engager une action décisive. Adraste accepte et trente mille Grecs vont s’embusquer à Malpertus. Les autres feignent de lever le camp à la hâte : ils sont poursuivis par les Thébains jusqu’au moment où, ayant dépassé l’embuscade, ils se retournent. Alors les Thébains sont attaqués des deux côtés à la fois, et Hippomédon les pousse dans le fleuve grossi par les pluies et en fait un grand carnage. Étéocle, qui s’était déboîté le pied en tombant de cheval, est obligé de s’armer de nouveau pour défendre les siens ; mais à l’arrivée d’Adraste, il est forcé de fuir vers la ville. Hippomédon, confiant dans les forces du vaillant cheval de Tydée qu’il montait, fait des prodiges de valeur au milieu du fleuve, mais il est enfin entraîné par le courant et y trouve la mort.

Étéocle, très amoureux de Salemandre, sortait souvent seul de la ville pour se distinguer sous ses yeux. Un jour, en compagnie