Aller au contenu

Page:Petit de Julleville - Histoire de la langue et de la littérature française, t. 1, 1896.djvu/473

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

française, la dernière du XVe siècle, et auquel on fit, au XIIIe siècle, des suites qui n’offrent pas le même intérêt, dérive du conte indien de Sindibâd, où le jeune prince n’a qu’un maître, Sindibâd, les sept sages jouant seulement le rôle de conseillers ; chacun d’eux raconte d’ailleurs deux histoires au lieu d’une. Dans une autre forme, très différente, où le père s’appelle Dolopathos, roi de Sicile, Sindibâd est remplacé par Virgile. Dans le Dolopathos, les contes de la reine sont supprimés.

Les Sept Sages et le Dolopathos ne sauraient être considérés comme rentrant dans l’épopée courtoise. M. Gaston Paris en fait une catégorie à part, dans la série des romans d’aventure, sous le titre de « romans à tiroir ». Il faut aussi mettre à part, comme le fait M. Gaston Paris, le roman de Trubert (XIIIe siècle), aventures plaisantes d’un faux niais qui dupe tout le monde, et les romans de légendes locales tels que Mélusine et Robert le Diable.

Romans d’aventure qui ne rentrent dans aucune des grandes divisions. — Les autres romans qui ne se rattachent ni aux chansons de geste, ni au cycle de l’antiquité, ni au cycle d’Arthur, renferment souvent des éléments qui paraissent celtiques ou bysantins, mais sont en grande partie originaux. Ils présentent d’ailleurs tous les caractères des autres romans de l’épopée courtoise ; en général, ils sont moins intéressants que les romans arthuriens, dont ils n’ont pas égalé le succès. Plusieurs d’entre eux ont cependant une véritable valeur littéraire, comme Aucassin et Nicolette, qui nous montre jusqu’où pouvait s’élever la prose française, dès le XIIe siècle, alors même qu’elle n’était soutenue par aucun poème antérieur sur le même sujet. La plupart de ces romans sont anonymes ou attribués à des auteurs sur lesquels nous ne savons rien. Relevons cependant les noms de Gilbert de Montreuil, auteur du roman de la Violette et l’un des continuateurs du Perceval de Chrétien ; du Lyonnais Aimon de Varenne, qui écrivait son Florimont à Châtillon-sur-Azergue, après un long séjour en Orient ; d’Alexandre de Bernai, à qui l’on doit Athis et Porphirias, mais qui est surtout connu par son poème sur Alexandre ; de Girard d’Amiens, l’un des derniers et des plus faibles collaborateurs du cycle de Charlemagne, qui a donné Méliacin à