CHAPITRE V
Premiers témoignages sur la poésie lyrique. Poésies religieuses, amoureuses, satiriques. — Il est aujourd’hui démontré que presque tous les textes lyrique en langue d’oïl que le moyen âge nous a transmis ont subi plus ou moins profondément l’influence de la poésie courtoise cultivée au Midi. Mais il est évident a priori que la poésie lyrique n’avait point attendu pour éclore dans les provinces du Nord que les troubadours y eussent apporté le formulaire de leur art savant et compliqué. Maints textes nous apprennent que, dès l’époque mérovingienne, elle avait de nombreuses occasions de se produire : nous savons par exemple que les veilles des fêtes, et notamment la plus solennelle et la plus longue de toutes, celle de Noël, étaient célébrées, non seulement par des hymnes latines, mais par des cantilènes en langue vulgaire[2], que souvent à côté des chants pieux, trouvaient place des chants extrêmement profanes, que certaines solennités étaient égayées par des danses et que celles-ci étaient réglées par des chansons.