Aller au contenu

Page:Petit de Julleville - Histoire de la langue et de la littérature française, t. 1, 1896.djvu/487

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

CHAPITRE V

LES CHANSONS[1]




Premiers témoignages sur la poésie lyrique. Poésies religieuses, amoureuses, satiriques. — Il est aujourd’hui démontré que presque tous les textes lyrique en langue d’oïl que le moyen âge nous a transmis ont subi plus ou moins profondément l’influence de la poésie courtoise cultivée au Midi. Mais il est évident a priori que la poésie lyrique n’avait point attendu pour éclore dans les provinces du Nord que les troubadours y eussent apporté le formulaire de leur art savant et compliqué. Maints textes nous apprennent que, dès l’époque mérovingienne, elle avait de nombreuses occasions de se produire : nous savons par exemple que les veilles des fêtes, et notamment la plus solennelle et la plus longue de toutes, celle de Noël, étaient célébrées, non seulement par des hymnes latines, mais par des cantilènes en langue vulgaire[2], que souvent à côté des chants pieux, trouvaient place des chants extrêmement profanes, que certaines solennités étaient égayées par des danses et que celles-ci étaient réglées par des chansons.

  1. Par M. Alfred Jeanroy, professeur à la Faculté des lettres de Toulouse. La note sur la musique des chansons, qui fait suite à ce chapitre, est de M. Antonio Restori, professeur au lycée de Parme.
  2. Celle de sainte Eulalie et la Vie de saint Léger peuvent en donner une idée.