… Quant j’oi chanter l’aloëte
Et ces menus oisillons,
Et je sent de violete
Odorer tous ces buissons…
(No 968 ; Scheler, I, 158.)
Certains s’enhardissent à décrire les beautés qui ont enflammé leur cœur : sans doute ces descriptions ne sont trop souvent qu’un catalogue pesamment déduit de traits bien connus et mille fois utilisés ; pourtant il en est quelques-unes que la gentillesse de la langue suffit à rendre agréables, d’autres où il semble même qu’il y ait une impression directe de la réalité :
J’aim la plus sade rien[1] qui soit de mère née
En qui j’ai trestout mis, cuer et cors et pensée.
Li dous Dieus, que ferai de s’amor qui me tue ?
Dame qui veut amer doit estre simple en rue,
En chambre o[2] son ami soit renvoisie et drue[3].
N’est riens qui ne l’amast ; cortoise est à merveille ;
Plus est blanche que noif[4], come rose vermeille.
Li dous Dieus… etc.
Elle a un chief[5] blondet, euz verz[6], boche sadete[7],
Un cors pour embracier, une gorge blanchete.
Li dous Dieus… etc
Elle a un pié petit, si est si bien chaucie[8],
Puis va si doucement desus cele chaucie.
Li dous Dieus… etc.
(No 533, Richart de Semilli)[9]
Quelques autres, sans avoir rien de bien original dans la pensée, sans sortir du cercle habituel des plaintes amoureuses, nous plaisent au moins par l’émotion insolite de l’accent :
- ↑ La femme la plus gracieuse.
- ↑ Avec.
- ↑ Familière et gaie.
- ↑ Neige.
- ↑ Tête.
- ↑ Yeux vairs (sans doute « aux couleurs changeantes ».
- ↑ Bouche savoureuse.
- ↑ Chaussée (forme picarde).
- ↑ Ce fragment est d’un poète connu qui appartient seulement à la fin du XIIe siècle, mais il y a dans presque toutes ses pièces un tour archaïque et parfois une saveur populaire tout à fait caractéristiques.
- ↑ Tourmenta.
- ↑ Malheur à moi.
- ↑ Lieu.
- ↑ Fuir.