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phes, notamment à la première et à la dernière de la pièce ; ce système fut, au XIVe siècle, érigé en règle par Guillaume de Machaut et Eustache Deschamps.

Les mélodies des lais, étant fort répandues, furent souvent appliquées à des poésies religieuses auxquelles passa en même temps le nom du genre ; il y a plusieurs lais à la Vierge et quelques autres d’un caractère didactique ou ascétique.

La valeur littéraire des descorts et des lais, profanes ou religieux, est fort médiocre ; mais ils ont un intérêt considérable pour l’histoire de la musique et de la versification.

Le motet. — La même observation s’applique aux motets. Ce terme désigna d’abord un morceau de musique religieuse, puis des œuvres profanes qui pullulèrent dans la seconde moitié du XIIIe siècle (quoiqu’il s’en soit perdu beaucoup, nous en possédons encore environ cinq cents) et furent surtout cultivées par les maîtres harmonistes de l’école d’Arras. Au point de vue littéraire, ils n’offrent guère, comme les ballettes, les rondets et les estampies, d’autre intérêt que celui de présenter une grande variété de versification et de rouler parfois sur des thèmes populaires ou demi-populaires.

Les genres dialogués : la tenson et le jeu parti. — Les œuvres dont il nous reste à parler ne diffèrent en rien, quant à la forme, de la chanson ; elles sont soumises aux mêmes règles et ont avec la musique des relations non moins étroites ; mais elles affectent dans leur style une allure plus libre, un tour plus varié, et présentent en somme un intérêt plus considérable.

Les genres dialogués, qui, par leurs plus lointaines origines, se rattachent peut-être à des genres populaires (comme les parades à deux personnages par lesquelles les jongleurs essayaient d’attirer l’attention de la foule), sont, dans leur forme lyrique, de pures et simples imitations de la littérature provençale. Ces genres se divisent en deux variétés qu’il est important de distinguer : dans la tenson ou débat (tel est le sens du mot tenson), les deux interlocuteurs échangent librement leurs opinions sur un sujet quelconque ; dans le jeu parti (appelé aussi parture), celui qui prend l’initiative de la pièce propose à son interlocuteur deux solutions contraires (le sens propre de partir est « diviser »,