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SUR DU GUESCLIN.

avoir mis le feu ; qu’ils prenoient la route de Bressière et de Moncontour, chargez de touttes les dépoüilles de la ville, et qu’il étoit aisé de courir après et de les atteindre, parce que le fardeau qu’ils portoient les contraignoit de marcher lentement. Bertrand, fort déconcerté de cette nouvelle, à laquelle il ne s’attendoit pas, fit mille imprecations contre l’infidélité prétenduë de Cressonval, qui avoit violé la parole qu’il luy avoit donnée de luy remettre la place entre les mains. Le maréchal d’Andreghem luy dit qu’il n’avoit pas tout le tort du monde, puis qu’il luy avoit laissé les portes ouvertes ; mais comme il n’en voyoit plus que les cendres et les ruines, il resolut de se venger de cette tromperie, commandant sur l’heure à tous ses gens de monter à cheval pour courir après les Anglois, tandis qu’ils étoient encore errans et vagabonds dans les champs, ou les investir dans Bressière, et les y prendre avec tout leur bagage et les meubles qu’ils avoient emportez. Comme les François étoient en marche à la suitte de Bertrand, les uns se plaignoient que ce general étoit trop remüant et ne les laissoit jamais en repos, ne leur donnant pas le loisir de manger ny de dormir ; d’autres le disculpoient en avouant que les siecles précédens n’avoient jamais fait naître un tel homme, ny qui eut de si grands talens pour la guerre, et qu’il falloit un capitaine de cette trempe et de ce caractere pour relever la France de l’accablement où les Anglois l’avoient reduite.

Quand ces derniers se presenterent devant Bressière, ils trouvèrent les portes fermées et les pont levez sur eux ; car ceux de la ville apprehendoient si fort Bertrand, qu’ils n’osoient pas se déclarer pour ces