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ANCIENS MÉMOIRES

joindre la flote espagnole, il rencontra seize vaisseaux qui avoient moüillé l’ancre. Il s’imagina d’abord que c’étoient les Anglois, et se promettoit bien de les battre et d’y faire un riche butin. Mais quand il fut aux approches, il découvrit que c’étoient des vaisseaux marchands qui venoient d’Espagne, et qui se reposoient là dans l’attente d’un vent favorable, pour retourner en Flandres, à Anvers et dans le Brabant. Les François firent quelque mine de les attaquer, ne les voulans pas reconnoître pour marchands ; mais Ivain de Galles leur remontra que ce seroit violer le droit des gens, que de courre sus à ceux dont la profession les met sous la foy publique.

Cet amiral ayant empêché qu’on ne leur fit aucune insulte, se contenta de recevoir quelques vivres qu’ils luy presenterent et de leur demander si dans le cours de leur navigation ils n’avoient point découvert quelques bâtimens anglois. Ces marchands luy répondirent qu’ils avoient rencontré dans la mer de Bordeaux une belle flote composée de dix-huit grosses ramberges et de quinze autres moindres vaisseaux, et que le comte de Pembroc, qui la commandoit, y avoit chargé beaucoup d’or et d’argent qu’il avoit apporté de Londres pour payer les troupes que le roy d’Angleterre entretenoit en Guienne contre les François, parce que ce prince apprehendoit fort que les Gascons ne secoüassent le joug de son obéïssance et ne se donnassent à leur premier maître, et que la Rochelle, suivant leur exemple, ne luy échappât. Ils ajoûterent que le comte de Pembroc alloit droit à cette place pour s’en assûrer, dans la crainte qu’il