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ANCIENS MÉMOIRES

recemment au port de Tolede, à trois lieües au dessous de cette ville, dans le dessein de la secourir. Cet avis obligea Bertrand de tirer les meilleures troupes du siege, et d’y en laisser quelques unes, afin que les assiegez ne s’apercevans point de ce mouvement, ne songeassent point à faire de sorties. La Reine resta toûjours devant la place avec l’archevêque, faisant toûjours continuer les travaux et les attaques à l’ordinaire ; et ce qui pouvoit encore faciliter le succés du siege, c’est qu’on avoit dressé contre la porte de Tolede une fort grosse batterie, dont on empêchoit, à force de traits, les bourgeois et les assiegez de sortir. Bertrand se mit cependant à la tête de ses plus belles troupes, accompagné du Besque de Vilaines et des deux Mauny, marchant en fort belle ordonnance contre les sarrazins, qui ne s’attendoient pas à soutenir sitôt le choc de ce fameux et redoutable capitaine. Il les chargea d’abord avec tant de furie qu’il en coucha sept mille par terre, et fit prendre la fuite au reste, qui courut à perte d’haleine jusqu’au port pour remonter sur les vaisseaux qu’ils y avoient laissez et se mettre à couvert d’un plus grand carnage à la faveur de la mer et des vents.

Le butin qu’ils laissèrent fut grand ; les François, vainqueurs, le partagèrent entr’eux avec joye. La justice distributive y fut fort gardée, les tentes, les pavillons, le bagage, les armes, l’or, l’argent et tout les les autres dépoüilles furent dispensées à chacun avec tant d’ordre, de sagesse et d’équité, que tout le monde fut content. Ces troupes victorieuses et touttes fieres d’un si grand succés, retournèrent au siege, se promettans bien que la prise de Tolede seroit la suite