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Le groupe. La syllabe. Le mot. La phrase

Devant ɔ, o: on trouve ǥ.

Peut-être doit-on attribuer à un redoublement de la préposition , ǥə (Sommer­felt, dē en italo-celtique, p. 256) des formes comme : iʃg̬ɩ ə ǥo:l (uisce do dh’ól) « boire de l’eau ». Il ne semble pas que ce puisse être le cas dans : nʹi: ǥo:lhəd (ní ólfad) « je ne boirai pas » ; nʹi: ǥɑnən (ní fhanann) « il ne reste pas ».

Il en va de même pour j apparaissant devant i initial :

Dans ərɑ̃:n ɩ jihɩ (arán do dh’ithe) « manger du pain », il peut y avoir redouble­ment de , ǥə.

Mais on entend : nʹi· ji:səd e· (ní íosad é) « je ne le mangerai pas ». Il semble qu’il y ait vraiment développe­ment d’un phonème addition­nel, à moins qu’il ne faille voir, là et dans nʹi· ǥo:lhəd, une extension due à l’analogie de ɩ jihɩ, extension qui au reste, à supposer que le point de départ en soit d’origine gramma­ticale, s’expli­querait par une tendance, de nature phoné­tique, à éviter l’hiatus.

§ 296. Elision :

C’est d’ordinaire par élision que l’hiatus est évité.

Une voyelle tonique (et partant une voyelle longue, qui n’est jamais tout à fait atone) ne peut être élidée.

Quand deux voyelles se rencontrent, si l’une est tonique, l’autre atone, celle-ci s’élide. Si les deux voyelles sont atones, il n’y a pas lieu de re­chercher laquelle des deux s’élide : il subsiste une voyelle, déter­minée quant au timbre par la qualité de la consonne suivante ; la question de savoir si cette voyelle doit être rattachée au mot qui précède ou au mot qui suit n’intéresse que la graphie et peut être résolue arbi­traire­ment, la sylla­bation étant la même en tous cas. Nous la ratta­chons régulière­ment au mot qui suit, la con­science de l’initiale du mot étant dans la plupart des cas plus nette que la con­science de la finale (cf. chutes de consonnes finales, § 300).

ɛr χᴜm e:gʹɩnʹtʹ (ar chuma éigin) « de quelque façon » ; is do:χ e: (is dócha é) « c’est probable » ; tɑgɩnʹ ʃi: s ɩmʹi:nʹ ʃi· (tagann sí is im­thigheann sí) « elle va et vient » ; ahɩrʹ (m’ athair) « mon père » ; tɑ: n fʹαr ənso (tá an fear annso) « l’homme est là » ; tʹihɩ mu·ər ɑ:rdə (tighthe móra árda) « de grandes hautes maisons » ;