L’articulation de r (comme celle de l et de n, cf. §§ 26 et 76), varie considérablement en fonction de la place dans le mot. Les deux variétés de r ont été bien décrites par Sommerfelt, Munster Vowels and consonants, § 82.
A l’initiale, r n’est, chez la plupart des sujets, qu’une sorte de spirante linguale sonore. Le resserrement du passage de l’air est produit par la pointe de la langue rapprochée des alvéoles supérieures, l’air s’échappant sans cependant provoquer de vibration de la langue. La partie postérieure du dos de la langue est légèrement élevée dans la direction de la position u, sans cependant que la vélarisation soit assez forte pour entraîner, même devant voyelle d’avant ou mixte d’avant, le développement d’un glide vélaire w.
En position médiane ou finale on a un r légèrement roulé (le plus souvent avec un seul battement) ; la position des organes est par ailleurs la même que dans le cas de r initial. Cet r roulé peut se rencontrer à l’initiale chez certains sujets, sans qu’on arrive à préciser les conditions de la répartition (les sujets âgés ont en général r spirant ?).
r se rencontre en contact avec des voyelles ou avec des consonnes vélaires, ainsi que devant dentales palatales (tʹ, dʹ, ʃ, lʹ, exceptionnellement nʹ). Au voisinage de h, r peut être partiellement assourdi.
§ 82. Exemple de la première variété d’r :
rɑ꞉ (rádh) « dire » ; rᴀɪᵊrk (radharc) « regard » ; rʌd (rud) « chose » ; rᴇ̈꞉gʹ (réidh) « prêt » ; ro꞉s (rós) « rose (fleur) » ; rᴜꞏə (ruadh) « roux » ; ən rɛvʹ ʃeꞏ (an raibh sé) « est-ce qu’il était ? » ; rᴇ̈꞉ᵊbə (réabadh) « égratigner, déchirer» ; rïhɩmʹ (rithim) « je cours » ; rɪmʹɩʃ (roimis) « devant lui » ; rɪ꞉nʹ (righinn) « coriace » ; et aussi ərᴇ̈꞉rʹ (aréir) « hier soir ».
§ 83. Exemples de la deuxième variété de r :
brᴜəχ (bruach) « rivage » ; krᴜꞏɛgʹ (cruaidh) « dur » ; drᴜ꞉χt (drúcht) « rosée » ; dʹαrəg (dearg) « rouge » ; dʌrəs (doras) « porte » ; əraꞏχ (earrach) « printemps » ; dʹαrᴜ꞉d (dearmhad)