cratie et avec le cosmopolisme. La tâche qui s’impose maintenant à elle, c’est de s’organiser. Elle ne renonce à aucun de ses principes ; elle continue à se réclamer des droits de l’homme et de la souveraineté du peuple, mais elle va les adapter à ses besoins, qui sont les besoins de la France. Après avoir jeté les bases de l’État moderne, elle va fonder l’État national. C’est à lui, en effet, qu’aboutit l’immense effort auquel mit fin le coup d’État de brumaire.
Repétri par les mains de Napoléon, il n’en conservera pas moins son esprit originel. Au lieu de renier les droits de l’homme, l’Empire, au contraire, en a imprégné le corps politique et le corps social. Il n’est point jusqu’à la souveraineté nationale qu’il n’ait respectée puisque c’est d’elle qu’il se réclame.
À première vue, rien ne paraît plus incompatible avec l’Assemblée
nationale de 1789 que le Corps législatif de 1800.
L’une est omnipotente, l’autre n’est qu’une façade derrière
laquelle agit le despotisme. Mais qu’on y prenne garde, ce
despotisme, ce n’est pas celui de l’Ancien Régime, c’est à vrai
dire la toute-puissance de l’État administré et centralisé conformément
aux principes révolutionnaires. Cet État, on l’a vu,
l’Assemblée nationale avait été incapable de le réaliser. Après
elle, ni la Terreur ni le Directoire n’y avaient réussi. Ce fut
le rôle de Napoléon de l’établir si solidement que son armature
subsiste encore dans tous les pays auxquels il s’est imposé.
Les révolutions du XIXe siècle ne seront plus comme celles du XVIIIe des révolutions contre l’État, mais des révolutions dans
l’État. L’édifice est construit où jusqu’à nos jours se sont
combattus tous les partis et ceux-là même qui l’ont le plus
ébranlé ou remanié, n’ont pas voulu le détruire, mais s’en
emparer.