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LA LANGUE FLAMANDE

francisée de la nation[1], et il est piquant de voir Reyphins, faisant chorus avec les curés, proclamer devant les États-Généraux que le flamand et le hollandais sont deux langues différentes.

Le gouvernement ne trouva d’appui que chez les très rares bourgeois restés fidèles, à travers l’occupation française, à l’idiome du peuple. À Gand, quelques-uns de ces « flamingants » de la première heure, se groupaient autour de Vervier. On republiait en 1829, la brochure de Verloy sur la décadence de la langue flamande. Des concours littéraires étaient organisés. À Bruxelles, la société Concordia prenait pour mission de favoriser la culture de la langue nationale. Aucune arrière-pensée politique d’ailleurs dans ce mouvement. Il est purement littéraire et beaucoup plus flamand que hollandais. Seul, J.-F. Willems se pose en adepte convaincu et passionné de l’orangisme. Néerlandais avant tout, il combat tout à la fois pour l’unification linguistique et pour l’unification politique. À côté de lui, pour plaire aux ministres, quelques officieux se donnent pour tâche de faire connaître aux Belges la littérature de leurs compatriotes du Nord. En 1827, Lebrocquy traduit en français le précis de l’histoire littéraire des Pays-Bas de Siegenbeck.

Mais manifestement l’intérêt du public est bien lent à s’émouvoir. À l’université de Gand, le cours du professeur Schrant sur Vondel se fait devant un auditoire à peu près vide[2]. À Liège, son collègue Kinker parvient à grouper autour de lui quelques étudiants attirés par sa verve, son esprit et sa bonhomie, et dont il excite la bonne volonté à apprendre le néerlandais par celle qu’il montre à apprendre le wallon. Plus gourmé et plus officiel, le procureur du roi, Schuermans, compte sur l’appui des fonctionnaires. Il fonde pour eux, en 1819, à Bruxelles, une Maatschappij voor vaderlandsche Letterkunde voor ambtenaren en ’s lands bedienden ingericht, dont le désir de l’avancement ne suffit pas à assurer

  1. Gedenkstukken 1825-1830, t. II, p. 753.
  2. Gedenkstukken 1815-1825, t. II, p. 263.