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PROJETS DE DUMOURIEZ SUR LA BELGIQUE

ment à la dynastie. Pour l’État libre qu’ils s’attendaient à constituer, il n’existait d’autre forme possible que la forme républicaine.

Ce fut donc au milieu des effusions de tous les partis, momentanément réconciliés dans la joie générale, que Dumouriez fit son entrée à Mons le lendemain de la bataille. Le cri de « Vivent les sauveurs des Belges » saluait le défilé des troupes. L’aigle impériale était abattue et remplacée par le bonnet de la liberté. Les discours du vainqueur provoquaient autant d’allégresse que de confiance. « Nous venons, déclarait-il aux magistrats qui lui apportaient les clefs de la place, nous venons comme frères et amis pour vous engager à fermer vos portes à vos anciens oppresseurs et à défendre la liberté que nous vous avons conquise[1]. »

Les mêmes scènes se renouvelèrent quelques jours plus tard à Bruxelles, où les Français entraient le 14 novembre au bruit des salves de l’artillerie et des cloches sonnant à pleine volée. Puis ce fut au tour de toutes les villes d’y assister à mesure que les libérateurs les occupaient. L’armée autrichienne réduite à 18,000 hommes se retirait lentement, livrant de loin en loin de petits combats d’arrière-garde. Par Louvain et Tirlemont les Français la suivirent jusqu’à Liège, où ils furent reçus avec transport le 28 novembre, puis jusqu’à la Roer, où ils s’arrêtèrent. La citadelle d’Anvers résista quatre jours avant d’ouvrir ses portes à Miranda (28 novembre)[2]. Celle de Namur se rendit à Valence le 2 décembre. Le drapeau autrichien ne flottait plus que sur la forteresse de Luxembourg. Et comme pour mieux marquer encore l’affranchissement de la Belgique, le 16 novembre était solennellement proclamée l’ouverture de l’Escaut. La libération économique semblait descendre de Jemappes avec la libération politique.

  1. A. Chuquet, Jemappes, p. 101.
  2. C. Parra-Pérez, Miranda et la Révolution française, p. 49 et suiv. (Paris, 1925). Voir ibid. des détails intéressants sur l’ouverture de l’Escaut par une flottille militaire.