tuairement à Sainte-Waudru. Quelques jours plus tard, Bruxelles assistait au même spectacle. Puis, au fur et à mesure des progrès de l’occupation, chaque ville avait substitué à ses anciens magistrats une nouvelle autorité municipale. Au début, sous l’action des Vonckistes, des volontaires et des troupes françaises, les choix, acclamés d’enthousiasme, avaient tous porté sur des démocrates ; mais bientôt les conservateurs et les « statistes » avaient repris courage. Partout, ils formaient la majorité et il leur suffisait de prendre part aux élections pour y dominer. À Namur, à Malines, à Louvain, à Anvers, à Bruges, les nouveaux administrateurs avaient été désignés parmi eux. Bientôt même ils prétendirent faire procéder à des élections nouvelles partout où, comme à Mons, à Bruxelles et à Gand, ils se trouvaient exclus du pouvoir.
Il fallut que Dumouriez intervînt et donnât l’ordre aux généraux d’interdire leurs assemblées. De quel droit cependant les empêcher d’agir ? Et que pouvait-il répondre à leurs protestations ? N’avait-il pas promis solennellement de laisser le peuple exercer sa souveraineté ? Qu’était-ce donc que cette souveraineté si on ne pouvait l’exercer sans contrainte ? Les conservateurs s’en réclamaient au même titre que les démocrates. Ne leur était-il pas loisible de trouver la Joyeuse Entrée compatible avec les droits de l’homme ? Évidemment, en parlant comme il l’avait fait, Dumouriez avait commis une grave imprudence. Il ne pouvait plus se maintenir en dehors des partis. Il devait choisir et il se prononcerait nécessairement pour la « faction vonckistique ».
Dans les villes où celle-ci avait pris le pouvoir, elle se hâtait fiévreusement d’agir. Se croyant appelés à constituer un monde nouveau et pleins de foi dans l’efficacité de leurs principes, les administrateurs provisoires y allaient de tout cœur. Leurs chefs sont des avocats sincèrement républicains et désintéressés. Une simplicité austère règne dans leurs séances, où personne ne porte d’insignes, où l’on reste couvert et où l’on délibère en présence du public. Coup sur coup, ils démolissent et ils édifient. À Bruxelles, ils prononcent la déchéance de la maison d’Autriche, votent l’égalité devant