reçut l’ordre d’envahir les Provinces-Unies. La campagne ne devait être ni longue ni difficile, car la Hollande, affaiblie par la lutte des républicains contre Guillaume, ne pouvait offrir une sérieuse résistance. Dès le 25 février, les Français s’étaient emparés de Bréda et, le 4 mars, ils occupaient Geertruidenberg.
Mais trois jours plus tôt, l’armée autrichienne rentrait en scène. Massée derrière la Roer, elle avait profité de l’hiver pour se réorganiser et le 1er mars, sous la direction du duc de Cobourg, elle marchait sur Maestricht, et forçait Dumouriez à se retourner en hâte vers la Belgique. Il y arrivait plein de rancœur, furieux de sa nouvelle déception et décidé cette fois à rompre avec la République.
À peine de retour à Anvers, il jette le gant aux commissaires de la Convention. Dans des proclamations qu’il fait répandre par tout le pays, il les accuse de « brigandage et de profanation », flétrit leur « indiscrétion sacrilège » et exhorte les Belges à porter plainte contre eux. Dès le 12 mars, il les dénonce à la Convention, se plaignant avec amertume de ce qu’ils rendent impossibles les opérations militaires. En même temps, il sévit contre les jacobins. À Bruxelles, il dissout la légion des sans-culottes et envoie leur général Estienne à la prison de la porte de Hal. Il défend aux clubs, sous peine d’être fermés, de se mêler encore d’administration, fait remettre en liberté les otages arrêtés par eux et décide la restitution aux églises des argenteries confisquées. Comptant toujours sur l’appui des Belges pour l’exécution des aventureux projets qu’il médite contre le gouvernement révolutionnaire, il s’affirme de nouveau leur protecteur et leur ami[1].
Cependant l’armée autrichienne, culbutant les avant-postes français, est entrée à Aix-la-Chapelle, a forcé Miranda à lever le siège de Maestricht et a occupé Liège le 5 mars. Elle attendait des renforts et il ne fallait point songer à lui opposer une défensive stratégique dont les troupes républicaines, démoralisées et travaillées par l’indiscipline, seraient incapables. Le seul espoir de Dumouriez était de frapper un grand coup. Une
- ↑ A. Chuquet, La trahison de Dumouriez, p. 85 et suiv.