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NOTICE

philosophique, c’est donc la dialectique. De fait, dans ce Phèdre dont l’examen de la rhétorique constitue le cadre, se trouve la description la plus élaborée et la plus précise que Platon ait jamais donnée de sa méthode, celle qui selon toute vraisemblance correspond au dernier stade de l’évolution de sa pensée.

Les Idées.

Parmi les traits qui la caractérisent, il y en a plusieurs que nous avons déjà rencontrés et qu’il suffira de rappeler : accord mutuel des interlocuteurs ou, ici, des auditeurs avec l’orateur sur la chose qui est en question ; recherche d’une définition de cette chose dans l’universalité de son essence, mais sans en négliger les espèces, la considération des espèces étant justement, ou bien ce qui nous fait apercevoir les différences qui, progressivement éliminées, laisseront comme résidu l’essence générique, ou bien ce qui nous aide à reconnaître que l’essence en cause a vraiment la généralité que nous lui avons attribuée ; enfin existence réelle et substantielle de l’objet de ces notions, indépendamment des choses sensibles où elles sont d’une certaine façon immanentes et qu’elles dénomment, indépendamment aussi de l’aspect purement logique sous lequel la pensée conçoit ces notions. Or l’affirmation de la transcendance de ces « Idées » est dans le Phèdre plus décidée que nulle part ailleurs. Qu’elle s’exprime sous la forme mythique du « lieu supra-céleste », cela ne peut s’interpréter, semble-t-il, que comme un indice de l’intention chez Platon de dissiper toute incertitude à ce sujet[1]. Mais il y a en outre dans le Phèdre un exposé, qui y est même par deux fois repris, d’un certain aspect de la méthode sur lequel Platon n’avait pas jusqu’alors explicité sa pensée. Peut-être cet aspect était-il impliqué dans d’autres exposés, dans le Phédon par exemple (101 e déb.) ou surtout dans la République (VI 511 bc ; cf. V 454 a). Mais Platon insistait alors principalement sur le mouvement ascendant de sa dialectique, celui qui doit aboutir à un terme inconditionnel ou non dépendant (l’ἀνυπόθετον),

  1. Cf. p. lxxxiv sqq. — Si le Parménide est antérieur au Phèdre, ceci donnerait à penser que la critique du début contre la séparation des Idées (130 b sqq.) est tenue pour négligeable ; ce qui a encore besoin d’être expliqué, la seconde partie le suggérait, c’est la liaison de ces Idées séparées avec ce qui en dépend et entre elles.