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NOTICE

n’est pas nommer le coq. L’imitation obtenue par le nom ne portera ni sur le son (sans quoi elle se confondrait avec la musique), ni sur la forme ou la couleur (ce qui est le propre de la peinture) : c’est l’essence de l’objet que le nom doit imiter par des lettres et des syllabes (μιμεῖσθαι… ἑκάστου τὴν οὐσίαν γράμμασί τε καὶ συλλαβαῖς, 423 e). Il importe donc de distinguer d’abord les éléments (διελέσθαι τὰ στοιχεῖα, 424 b) : voyelles (τὰ φωνηέντα), muettes (τὰ ἄφωνα καὶ ἄφθογγα), « demi-voyelles » (τὰ φωνήεντα μέν οὔ, οὐ μέντοι γε ἄφθογγα), et les classer par espèces (κατὰ εἴδη) ; on distinguera et on classera de même tous les êtres auxquels doivent s’appliquer les noms. Dès lors, on saura attribuer chaque élément, d’après sa ressemblance avec l’objet ; à chaque être on attribuera, pour le désigner, soit un élément unique, soit une réunion d’éléments (syllabe) ; les syllabes seront assemblées pour composer les noms et les verbes (τὰ τε ὀνόματα καὶ τὰ ῥήματα) ; avec les noms et les verbes on constituera le discours (τὸν λόγον) par l’art approprié : onomastique ou rhétorique. Toute autre méthode serait défectueuse.

2 (425 b-427 d). Ces distinctions nécessaires, Socrate se déclare incapable de les établir. Il essaiera pourtant de le faire. Car si l’on ignore en quoi consiste la justesse des noms primitifs, il est impossible de reconnaître celle des dérivés, et l’on se condamne à ne dire alors que des sornettes.

Là-dessus il passe en revue un certain nombre de lettres. Le ρ est propre à l’expression du mouvement ; l’ι exprime la légèreté ; le φ, le ψ, le σ, le ζ, comportant une aspiration, expriment l’agitation ; le δ et le τ, l’arrêt ; le λ, le glissement ; le ν, l’intérieur ; l’α et l’η la grandeur et la longueur, l’ο, la rondeur. Pour chaque être, le législateur semble avoir créé un signe et un nom, et être parti de là pour composer le reste. Voilà en quoi consiste la justesse des noms.

Socrate, en terminant, a sollicité l’avis de Cratyle. Hermogène le demande à son tour (427 d-428 b).


Entretien de Socrate avec Cratyle.

Ce second entretien comprend trois parties :

I (428 b-435 c) :

a (428 b-430 a). Cratyle approuve les propos tenus par Socrate. Mais celui-ci fait des réserves