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INTRODUCTION

2. — Le gouvernement des philosophes.


L’aptitude
des philosophes.
Avant d’aborder la troisième vague, Platon éprouve le besoin de reposer et rafraîchir son lecteur : il profite des avantages qu’offre, même en temps de guerre, sa communauté des femmes et des enfants, pour s’arrêter un instant avec nous dans un oasis de nobles et humaines pensées. Ses guerriers feront la guerre en commun, y emmenant même leurs enfants, pour les exercer tout en veillant sur eux. Ils la feront bravement, encouragés par toutes sortes de menus privilèges et de solennels honneurs. Ils la feront enfin comme des Grecs qui luttent contre des Grecs : Platon ne dit pas encore « comme des hommes qui luttent contre des hommes », mais n’est-ce pas préparer le « droit des gens » que de proclamer un droit des Hellènes, dans cette Hellade depuis toujours ensanglantée par des guerres de canton à canton ? Aristophane avait, dès 411, dans Lysistrata, fait honte aux Athéniens comme aux Spartiates, fils d’une même famille, adorant les mêmes dieux en des sanctuaires communs, de se tuer entre Hellènes et de ruiner des cités grecques sous les yeux des barbares en armes (1128-1135). L’âme des foules

    yeux une 1re  « édition (moins étendue) de la Rép. Voir, plus récemment, Pohlenz, Aus P.’s Werdezeit (1913), p. 228-228, qui date l’Ass. des Femmes de 391/0 et la 1re  République de peu auparavant. Teichmüller (Lit. Fehden, I, 1881, p. 14 et suiv.) voulait que la comédie d’Aristophane fût parue après le Livre V, longtemps avant le Livre VI de la République ; Krohn (Plat. Staat, 1876, p. 72-88) et Chiapelli (Rivista di Filologia, XI (1888), p. 161-178) la placent entre les Livres I-IV et le Livre V. — Voir, dans Philologus, LVII, 8 (juillet 1922), p. 821-355, l’article posthume de G. Robert, Aphoristische Bemerkungen zu den EUklesiazusen des Aristophanes, qui rejette l’idée d’une première édition de la République, attribue le parallélisme des pensées et des textes au fait qu’Aristophane a connu par ouï-dire et par conversation directe les idées de Platon et les a parodiées d’ailleurs amicalement [ainsi Meyer, Gesch. d. Altert., IV, p. 429] et croit trouver, dans les règlements contre les dangers d’inceste (461 d), une correction que Platon apporte à ses anciennes idées en souvenir d’un avertissement d’Aristophane (v. 1042 τὴν γὴν ἅπασαν Οἰδιπόδων ἐμπλήσετε).