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JAMBLIQUE.
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Taurus[1], les âmes sont envoyées par les dieux sur la terre, soit, comme l’affirment ceux qui se conforment à la doctrine de Timée, pour contribuer à la perfection de l’univers, afin qu’il y ait dans la monde sensible autant d’animaux qu’il y en a dans le monde intelligible[2], soit, comme le pensent les autres, pour donner le spectacle d’une vie droite, parce que les dieux voulant se manifester par la vie pure et sainte des âmes.

Les manières dont s’opère la descente des âmes se divisent encore à un autre point de vue : l’âme descend volontairement si elle se résout elle-même à administrer les choses terrestres ou si elle obéit aux êtres supérieurs ; elle descend involontairement si elle est entraînée par force vers ce qui est inférieur[3].

De la Différence qui existe dans la descente des âmes.

XII[4]. Toutes les âmes ne sont pas unies aux corps de la même manière : l’Âme universelle, à ce que croit Plotin, possède sans sortir d’elle-même le corps qui s’approche d’elle, mais elle ne s’approche pas elle-même du corps et n’est pas contenue par lui ; les âmes particulières s’approchent au contraire des corps, leur sont liées et y entrent quand ils sont déjà régis par la Nature universelle[5]. Les âmes des dieux [des astres] convertissant vers leur nature intellectuelle leurs corps divins qui imitent l’intelligence [par leur mouvement circulaire[6]] ; quant aux âmes des autres genres divins, elles dirigent leurs véhicules (ὀχέματα (ochemata)) selon le rang qu’elles occupent[7]. En outre, les âmes pures et parfaites entrent dans les corps d’une manière

    dans un mouvement continuel. Mais, lorsqu’elle est humide, elle descend dans la génération : c’est pour elle un repos parce que son activité se ralentit ; lorsqu’elle est sèche, au contraire, elle recouvre toute sa mobilité ; elle remonte au ciel et elle se fatigue à en faire le tour : de là ces vers d’Héraclite : « C’est pour les âmes un plaisir, et non une mort, de devenir humides : car c’est un plaisir pour elles de tomber dans la génération… Notre vie est la mort des âmes, et la vie des âmes est notre mort…. L’âme sèche est très-sage. (Aristote, De l’Âme, I, 2 ; Diogène Laërce, IX, § 8 : Porphyre, De l’Antre des nymphes, § 10 ; Énée de Gaza, ci-après p. 673, 675.)

  1. Taurus, surnommé Calvisius, était un philosophe platonicien qui avait écrit des Commentaires sur les dialogues de Platon.
  2. Voy. Platon, Timée, p. 39 ; Plotin, Enn. III, liv. IX, § 1, et Enn. IV, liv. III, § 10.
  3. Voy. Plotin, Enn. IV, liv. III, § 12-15.
  4. Stobée, Eclogœ physicœ, lii, § 36, p. 908.
  5. Voy. Plotin, Enn. IV, liv. III, § 9-17.
  6. Voy. Plotin, Enn. II, liv. II, § 3 ; liv. iii, § 9.
  7. Voy. Plotin, Enn. II, liv. III, § 13, 15-17.