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TROISIÈME ENNÉADE.

que tout le reste est conforme à la Raison [universelle] : car les animaux et les plantes participent de la raison, de la vie et de l’âme. — Mais, si la Providence étend son action jusqu’à la terre, elle n’y domine pas. — Comme le monde n’est qu’un seul animal, avancer une pareille objection, c’est ressembler à celui qui prétendrait que la tête et le visage de l’homme sont produits par la nature, et que la raison y domine, mais que les autres membres sont formés par d’autres causes, telles que le hasard ou la nécessité, et qu’ils sont mauvais soit par ce fait, soit par l’impuissance de la nature. Mais, la sagesse et la piété ne permettent pas de prétendre que tout n’est pas bien ici-bas et de blâmer l’œuvre de la Providence.

VIII. Il nous reste à expliquer comment les choses sensibles sont bonnes et participent de l’ordre, ou du moins comment elles ne sont pas mauvaises.

Dans tout animal, les parties supérieures, le visage et la tête, sont les plus belles ; les parties moyennes et les membres inférieurs ne les égalent pas[1]. Or, les hommes occupent la région moyenne et la région inférieure de l’univers. Dans la région supérieure se trouve le ciel avec les dieux qui l’habitent : ce sont eux qui remplissent la plus grande partie du monde, avec la vaste sphère où ils résident. La terre occupe le centre et semble faire partie

    quaque diffusa sit, ut non divinæ, sed ne servili cuiquam procurationi, si ei tanta potestas daretur, tribuenda esse videatur. Quamobrem illud quasi necessarium iis quibus talia sunt curæ credendum dimittitur, aut divinam Providentiam non usque in hœc ultima et ima pertendi, aut certe mala omnia divina voluntate committi. »

  1. « Nonne in corporibus animantium quædam membra, si sola attendas, non possis attendere ? Tamen ea naturæ ordo nec quia necessaria sunt deesse voluit, nec quia indecora eminere permisit. » (S. Augustin, De Ordine, II, 4.) Voy. aussi le même auteur, De Libero arbitrio, III, 23.