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POÉSIES DE BURNS.


À UN POU,
QUE JE VOYAIS SUR LE CHAPEAU D’UNE DAME, À L’ÉGLISE.

Ah ! où allez-vous, petit monstre rampant !
Votre impudence vous protège furieusement.
Je ne puis pas dire le contraire, vous vous promenez bicu hardiment
Sur la gaze et la dentelle ;
Quoique, ma foi, je craigne que vous ne diniez que maigrement
Dans un tel endroit.

Ô vous, vilaine horreur de reptile,
Détesté, évité par le saint et le pécheur,
Comment osez-vous poser vos pieds sur elle,
Une si belle dame !
Allez quelque autre part, et cherchez votre diner
Sur quelque pauvre diable !

Vite, grimpez à la tempe de quelque mendiant ;
Là vous pouvez ramper, et vous démener, et lutter à la course
Avec vos autres parents, les insectes sauteurs,
Par troupes et nations :
Là où corne ni os n’osent jamais renverser
Vos épaisses plantations.

Maintenant tenez-vous là, vous êtes hors de vuc,
Sous les plis, bien caché et à l’abri :
Non, ma foil pas encore ; vous ne serez content
Que lorsque vous screz monté
Tout en haut du sommet élevé
Du chapeau de mademoiselle.

En vérité ! tout hardiment vous mettez le nez dehors,
Aussi rond et aussi gris qu’une groseille à maqucreau ;
Oh ! si j’avais quelque forte résine mercurielle
Ou quelque violente poudre rouge,
de vous en donnerais une si bonne dose,
Qu’elle vous assaisonnerait le c-l !

Je ne serais pas surpris de vous apercevoir
Sur la coiffe de flanelle d’une vieille femme,
Qu peut-être sur la veste de flanelle
De quelque petit garçon déguenillé ;
Mais le beau lunardi[1] de mademoiselle ! fi !
Comment osez-vous faire cela ?

  1. Lunardi était un aéronaute dont on donna le nom à une coiffure. (N. du trad.)