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Page:Poésies complètes de Robert Burns, 1843.djvu/267

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POÉSIES DE BURNS.


Pour déposer ses chagrins,
Oh ! pourquoi vais-je seul ainsi
Du pas fatigué de la douleur ?
La truite là-bas, dans le ruissoau qui scrpente,
Glisse, rapide flèche d’argent,
Et, en sûreté sous l’épine touffue,
Défie l’art du pêcheur :
Ma vie était jadis cet insouciant ruisseau,
J’étais cette truite folätre ;
Mais l’amour, de son impitoyable rayon,
A brèlé et tari ma source.
Le lot paisible de la petite fleurctte
Qui croit sur le rocher la-bas,
Et qui, sauf le vol du linot, je le sais,
Ne connait pas de rude attouchement,
Etait le mien, jusqu’à ce que l’amour cût passé sur moi
Et m’eût flétri dans ma fleur ;
Et maintenant, sous son souffle desséchant,
Il consume ma jeunesse st ma joie.
L’alouette éveillée s’élance en gozouillant,
Et monte au ciel matinal,
Secouant, joyeuse, ses ailes couvertes de rosée
Sous l’œil vermeil du matin ;
Je faisais aussi peu d’attention au pouvoir de la douleur,
Jusqu’à ce que le piége fleuri
De l’amour ensorcelant, dans une heure malencontreuso,
M’eût fait l’esclave du souci.
Oh ! si mon lot eût été les neiges du Groenland,
Ou la zone brûlante de l’Afrique,
L’homme ot la nature ligués contre moi,
Du moins je n’aurais jamois connu Peggy |
Quelle langue peut dire les douleurs du malheureux
Dont la sentence ost « N’espère plus, »
Dans le sein duquel le désespoir
Est l’Esprit lo plus bienveillant qui y habite ?
LXXXVI.
COMPOSÉ EN AOUT.
Voici que les vents d’ouest ct les fusils meurtricrs
Amèucnt l’agréable temps de l’automne ;

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