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POÉSIES DE BURNS.


Si ce vallon me conduisait à toi,
Ma tendre chérie, oh !
La nuit aurait beau Ôtre des plus mauvaises,
Et moi des plus fatigués, ah !
J’irais à ta rencontre sur la pelouse,
Ma tendre chérie, oh !
Le chasseur aime le salcil du matin,
Pour éveiller le daim de la montagne, ma belle ;
A midi le pécheur cherche le vallon,
Pour suivre le cours du ruisseau, ma belle ;
Donnez-moi l’heure de l’ombre grise,
Cela rend mon cœur si joyeux, oh !
D’aller à ta rencontre sur la pelouse,
Ma tendre chérie, oh !
CLXY.
Quand l’ouragan mortel de la guerre farouche eut cessé de souffler,
Et que revint la douce paix,
Que maint cher petit enfant fut sans père,
Et mainte veuve en deuil,
Je quittai les lignes et le champ couvert de tentes,
Où long-temps j’avais logé,
Mon humble havresac pour toute richesse,
Pauvre et honnète soldat.
Dans mon sein était un cœur loyal et léger,
Ma main était pure de pillage,
Et, retournant dans ma belle Écosse,
J’allais gaiement en avant.
Je songcais aux collines de Coïl,
Je songcais à ma Nancy,
Je songcais au séduisant sourire
Qui captiva ma jeune fantaisie.
Enfin j’atteignis le beau vallon
Qui vit les jeux de mes premiers ans ;
Je passai le moulin et l’épine, licu de rendez-vous
Où je fis souvent la cour à Nancy :
Qui aperçus-je, si ce n’est cette chère fille
Près de la demeure de sa mère]
Et je me détouruai pour cacher le flot
Qui s’enflsit dans mes yeux.