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Page:Poésies complètes de Robert Burns, 1843.djvu/322

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POÉSIES DE BURNS.


CLXVI.
LA BELLE JENNY.
Où sont les joies que j’ai rencontrées au lever de l’aurore
Dansant à la voix matinale de l’alouette ?
Où est la paix qui présiduit à mes excursions
Le soir dans les bois sauvages ?
Je ne vais plus descendant le cours tortueux de la rivière,
Et regardant les fleurs odorantes et si belles ;
Je ne suis plus les pas légers du plaisir,
Mais ceux du chagrin et du souci aux tristes soupirs.
Est-ce que l’été a abandonné nos vallées,
Et que le hideux et sombre hiver approche ?
Non, non, les abeilles bourdonnant autour des gaies roses
Proclament que l’année est dans toute sa gloire.
Je voudrais bien cacher ce que je crains de découvrir,
Mais depuis long-temps, long-temps, je le sais trop bien :
La seule cause de ce désastre dans mon sein,
C’est Jenny, la belle Jenny.
Le temps ne peut me venir en aide, mes peines sont immortelles,
Et l’espoir n’ose m’offrir une consolation ;
Eh bien donc, amoureux et épris de ma torture,
Je chercherai de la jouissance dans mon malheur.
CLXVIf.
Là où, bravant les tempêtes de l’hiver courroucé,
S’élèvent les Ochels altiers,
Loin dans leur ombre les charmes de ma Peggy
Ont pour la première fois ravi mes yeux surpris,
Comme un homme qui, près de quelque fleuve sauvage,
Voit une pierre précieuse solitaire,
Étonné, en observe à deux fois les feux
Dont l’art a aiguisé l’éclat.
Bénie soit l’ombre sauvage, écartée,
Et bénis soient le jour et l’heure