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Page:Poésies complètes de Robert Burns, 1843.djvu/343

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POÉSIES DE BURNS.


ÉLÉGIE SUR MISS BURNET

DE MONBODDO.

Jamais la vie ne se réjouit d’un aussi riche butin
Que lorsque l’aimable Burnet descendit de sa céleste patrie,
Ni la mort envieuse ne fut aussi triomphante de son coup
Que lorsqu’elle terrassa cette fille accomplie.
Charmante Burnet, puis-je oublier ton âme et ton beau corps,
Le plus brillant joyau monté dans le plus riche métal ?
C’est en toi que le ciel se manifestait plus clairement,
Car la Divinité se fait mieux connaître par son plus noble ouvrage.
En vain vous étalez tout l’orgueil de l’été, bocages ;
Ruisseaux de cristal aux bords fleuris,
Chantres des bois qui chantez vos frivoles amours,
Vous cessez de charmer — Eliza n’est plus !
Landes de bruyères entrecoupées de roseaux marécageux,
Courants d’eau moussus, garuis de glaïeuls et de joncs ;
Rocs escarpés suspendus sur de sombres vallons,
Je vole vers vous, vous êtes en harmonie avec mon âme.
Des princes dont l’orgueil oppresseur fit tout le mérite,
Quoi ! des chants mercenaires salueront leur départ pompeux !
Et toi, ravissante perfectiou ! tu abandonnes notre terre,
Et pas une muse ne poussera d’honnétes gémissements|
Nous t’avons vue briller dans l’orgueil de la jeunesse et de la beauté,
Et dans la splendeur de la vertu, qui rayonne au delà des sphères ;
Mais, comme le soleil éclipsé au matin,
Tu nous a laissés dans les ténèbres et aveuglés de pleurs.
Ce cœur de père, qui ne vivait que pour toi ;
Ce cœur, comme il s’est affaissé en proie au chagrin et au souci !
Ainsi l’odorant chèvrefeuille ornait là-bas ce vieil arbre ;
Ainsi, arraché de son tronc, il le laisse froid et nu.