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Page:Poésies complètes de Robert Burns, 1843.djvu/346

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POÉSIES DE BURNS.


Le ruisseau, suivant son senticr brun,
Se précipitait prés des murs ruinés,
Se hâtant de rejoindre le rapide Nith
Dont le luintain rugissement s’enfle et tombe.
Le nord froid et bleu faisait jaillir
Ses lueurs avec un bruit siflant et affreux :
À travers le ciel celles partent et fuient,
Pareilles aux faveurs de la fortune , perdues aussitôt que gagnées.
Par hasard et sans y songer je tournai les yeux,
Et à la clarté de la lune je tressaillis de voir
S’élever un grand fantôme à l’air sévère,
Vétu comme ont coutume de l’être les ménestrels.
J’aurais été une statue de picrre
Que son air hardi m’aurait intimidé ;
Et sur sa toque était gravé visiblement
Le mot sacré de — Liberté.
Et de sa harpe il tombait des accords tels
Que les morts endormis auraient pu s’éveiller pour les entendre ;
Mais, hélas ! c’était un récit de douleur,
Si jamais il en fut, pour une oreille bretonne !
J1 chantait avec joie ce premier jour,
11 déplorait avec des larmes les derniers temps de sa vie ;
Mais ce qu’il disait n’était pas une plaisanterie, —
Je ne me basarderai pas à le répéter dans mes vers.
A CHLORIS.
VERS ÉCRITS SUR UN EXEMPLAIRE DE SES POÉSIES
QU’IL LUI OFFRAIT.
C’est un gage d’amitié, ma jeune et belle amie ;
Ne refusez pas ce don,
Et ne prêtez pas une oreille indocile
A la muse qui moralise.
Puisque, dans toute ta jeunesse et tous tes charmes,
Tu dois dire adieu au monde
(A un monde constamment armé contre la paix),
Pour joindre un petit nombre d’amis ;