Aller au contenu

Page:Poésies complètes de Robert Burns, 1843.djvu/354

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
304
POÉSIES DE BURNS.


Et la vermeille Keith ! est occupée de Gray) ;
Voulez-vous emprunter une minute aux soins du ménage —

— Ce bonnet de votre petit-fils se fera demain —
Et vous mettre à moraliser avec moi ?
C’est un jour propice pour ètre sage.
D’abord qu’est-ce qu’hier a annoncé ?
« Encore une année enfuie pour jamais| »
Et que nous suggère avec force ce jour-ci ?
« Nous ne pouvons compter que sur le moment qui passe ! »
Compter — à quoi bon ? Que faisons-nous ici ?
Ou pourquoi nous occuper de l’année qui passe ?
Le Temps, amusé avec de doctes proverbes,
Ajoutera-t-il une minute à notre existence ?
Quelques jours peuvent — quelques années doivent —
Nous coucher dans la poussière silencieuse.
Est-il donc sage de gâter notre bonheur ?
Oui — tous ces raisonnements sont faux|
La voix de la Nature crie hautement,
Ainsi que plus d’un message descendu des cieux,
Que quelque chose en nous ne meurt pas ;
Que sur cet état frêle, incertain,
Pèsent des choses d’un poids éternel ;
Que la vie future, dans le monde inconnu,
Ne doit prendre sa teinte que de celle-ci ;
Soit brillante comme la gloire céleste,
Soit sombre comme la triste nuit de la misère —
Or donc, ma respectable, ma meilleure amie,
Puisque tout dépend de cette pauvre existence,
Employons l’important maintenant,
Et vivons comme ceux qui ne meurent jamais. —
Bien que, couronnée de jours et d’honneurs,
Vous contempliez ce cercle filial qui vous entoure
(Spectacle à repousser les chagrins de la vie,
Spectacle à bouleverser la pâle Envie),
D’autres soins peuvent réclamer votre principale attention ;
Vous-même, vous attendez votre brillante récompense.

a 1. Miss Keith, la plus jeune des filles, qui lisait les poésies de ray.