Page:Poésies complètes de Robert Burns, 1843.djvu/382

332

POÉSIES DE BURNS.

PROLOGUE ÉCOSSAIS

POUR LA REPRÉSENTATION AU BÉNÉPICE DE M. SUTHERLAND,
DUXMFRIES.

À quoi bon ce tapage au sujet de la ville de Londres,
Du sort de telle pièce nouvelle ou nouvelle chanson ?
Pourquoi recherche-t-on autant les choses étrangères ?
Est-ce que la sotlise s’améliore comma le whiskey, par l’importa-N’est-il
aucun porte, brûlant d’ardeur pour la renommée, (tion ?)
Qui essayera de nous donner des chansons et des pièces du crù ?
J1 n’a pas besoin de chercher à grand’peine la comédie au dehors,
Sot et fripon sont plantes de tous les sols ;
Il n’a pas besoin, non plus, de courir jusqu’à Rome et en Grèce
Pour amasser les matériaux d’un ouvrage sérieux :
11 y a dans l’histoire de la Calédonie assez de sujets
Qui montreraient la muse tragique dans toute sa gloire.—
N’y aura-t-il aucun barde hardi qui se lèvera pour dire
Comment combattit l’illustre Wallace, comment il tomba malheu-Où
se sont envolñes les muses qui pouvaient produire {reusement ?]
Un drame digne du nom de Bruce ;

Comment ici, ici même, le premier il tira l’épée
Contre la puissante Angleterre et son coupable maitre ;
Et après maint sanglant et immortel exploit
Il arracha son cher pays de la gucule de la ruine ?
Oh ! une scène de Shakspeare ou d’Otway,
Pour peindre l’aimable, l’infortunée reine d’Ecosse !
Inutile, la toute-puissance des charmes féminins
Contre les armes de la fougueuse, impitoyable, furieuse Rébellion.
Elle tomba, mais tomba avec un courage vraiment romain,
Pour assouvir la vengeance d’une femme rivak :
Une femme — quoique la phrase puisse paraître incivile—
Aussi habile ct aussi rruclle que le diable !
Un Douglas vit dans la page immortelle de Home,
Mais les Douglas furent des héros dans tous les siècles :
Et quoique vos pères, prodigucs de leur vie,
Aient suivi un Douglas à la lutte gucrrière,
Peut-être si les boules vont droit, et que la droit l’emporte,
Vous pouvez encore marcher sous la conduite d’un Douglas.
Comme vous avez généreusement fait, si tout le pays
Voulait prendre par la main les serviteurs des muses,
Non-seulement les entendre, mais les protéger, les assister,
Et quand on peut le faire justement, les louer ;
Et pent-être lorsqu’ils ne soutiendront pas l’épreuve,