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Page:Poésies complètes de Robert Burns, 1843.djvu/94

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POÉSIES DE BURNS.

Cette vie, autant que je la comprends,
Est une terre enchantée et féerique,
Où le plaisir est la baguette magique
Qui, bien maniée,
Fait que les heures comme des minutes, se tenant par la main,
Dansent joycusement.

Manions donc la baguette magique ;
Car, unc fois qu’on a gravi quarante-cinq,
Voici que la vieillesse cassée, fatiguée, chagrine,
À la face ridée,
Arrive toussant, boitant, sur les licux,
D’un pas tralnant.

Quand une fois le jour de la vie tira vers le crépuscule,
Alors adieu la flânerie insouciante et désœuvrée ;
Et adieu les joyeux pots écumants,
Et le bruit des convives ;
Et adieu la chère, la trompeuse femme !
La joie des joies !

Ô vie ! de quel charme, à ton matin,
Les rayons de la jeune imagination décorent les collines !
Dédaignant la leçon de la prudence, aux froids calculs,
Nous courons en gambadant,
Comme des écoliers, lors du signal attendu,
À la joie et aux jeux.

Nous errons là, nous errons ici,
Nous regardons la rose sur l’églantier,
Sans songer que l’épine est tout près,
Parmi les feuilles ;
Et si la petite blessure peralt,
Elle ne fait pas long-temps mal.

Quelques-uns, chanceux, trouvent un endroit fleuri,
Qui ne leur a coûté ni fatigue ni sueur ;
lis boivent doux et mangent gras,
Sans soin ni peine ;
Et, peut-être, regardent la misérable cabane
Avec un profond dédain.

L’œil sur le but, d’autres poursuivent la fortune ;
L’ardent espoir tend tous leurs muscles ;
Par la bonne voie, par la mauvaise, ils hâtent leur course,
Et saisissent la proie.
Puis, à leur aise, dans quelque endroit bien commode,
Ils finissent le jour.