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POÉSIES DE BURNS.


Et d’autres, comme votre humble serviteur,
Pauvres gens, ne suivant ni règles ni routes ;
À droite et à gauche, rôdeurs éternels,
       Ils vont en zigzag ;
Jusqu’à ce qu’accablés par l’âge, obscurs et affamés,
       Ils gémissent souvent.

Hélas ! quel amer lobeur et quels efforts —
Mais trêve aux maussades et misérables plaintes !
La lune variable de la fortune décroît-elle ?
       Laissez-la faire !
À ce qui lui reste de lumière,
       Chantons notre chanson.

Je jette ici ma plume contre la porte,
Et je m’agenouille, et implore avec chaleur, « ô vous, Puissances,
Quand je devrais errer aur la terre,
       Dans tous ses climats
Accordez-moi seulement, je n’en demande pas plus,
       Toujours abondance de rimes.

» Donnez des rôtis ruisselants aux lairds du pays,
Jusqu’à ce que le jus, en glaçons, leur pende de la barhe ;
Donnez de beaux habits à de beaux gardes du corps,
       Et a des filles d’honneur !
Et donnez de l’ale et du whisky aux chaudronniers,
       Jusqu’à ce que le cœur leur lève.

» Un titre, Dempster le mérite ;
Donnez la jarretière à Willie Pitt,
Donnez des richesses à quelque marchand absorbé
       Dans le cent pour cent ;
Mais donnez-moi de l’esprit véritable, argent comptant,
       Et je suis satisfait.

» Tant qu’il vous plaira de me maintenir en santé,
Je m’asscoirai devant mon maigre repas,
Que ce soit du gruau à l’eau, ou un potage d’orge et d’herhes,
       Avec un visage joyeux,
Aussi long-temps que les muscs ne manqueront pas
       De dire le Benedicite. »

Jamais je ne jette un regard inquiet
Derrière mon oreille, ou devant mon nez ;
Je me courbe sous les coups du malheur
       Aussi bien que je puis :
Ennemi juré du chagrin, du souci et de la prase,
       Je m’en vais rimant.