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titulaire fût nommé par le roi, la cour romaine prétendait qu’il relevât directement du Saint-Siège. Les négociations durèrent jusqu’en 1674 et se terminèrent par une sorte de transaction ; la nomination de l’évêque fut concédée au pape, mais l’évêque dut prêter serment au roi de France.

Parmi les concessions territoriales faites aux communautés religieuses, il faut noter ici la part de lion que se tailla, dans la répartition des seigneuries, la congrégation des prêtres de Saint-Sulpice. Ces messieurs se firent adjuger la seigneurie de toute l’île de Montréal, dont l’étendue égale celle du département de la Seine. Touchant exemple de renoncement aux richesses de ce monde ! Une fois leur titre de seigneurie obtenu, ils ne manquèrent pas de réclamer les droits qui en découlaient : celui de posséder une justice particulière, de nommer les officiers de cette cour seigneuriale, voire même de choisir le gouverneur civil de l’île. Le gouverneur de Courcelles et l’intendant Talon, non plus que leur maître Colbert, ne montrèrent pas assez d’énergie pour résister à ces accaparements des communautés religieuses ; ils allaient, par leur faiblesse, laisser une source d’embarras à leurs successeurs.

MM. de Courcelles et de Talon quittèrent, en effet, et presque en même temps le Canada. La santé du premier avait été ébranlée par les fatigues de sa charge et par la sévérité du climat ; en 1672, il obtint son rappel. Quant à Talon, qui avait déployé dans ses fonctions d’intendant une activité plus constante et un zèle plus éclairé, il avait encore plus de droits à réclamer du repos. Au retour d’un voyage qu’il avait fait en France (1668-1669), pour aller chercher cinq cents