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armes et bagages, et fut conduit à Plaisance, dans l’île de Terre-Neuve (1690).

Ces expéditions partielles contre l’Acadie avaient retardé les mouvements de Phipps, si bien que l’automne était déjà commencé quand la flotte anglaise entra dans le fleuve Saint-Laurent où elle comptait opérer de concert avec les troupes du général Winthrop qui devait, d’après les calculs de Phipps, se trouver à ce moment devant Montréal.

Obligé de faire face, avec des troupes insuffisantes, à deux grands périls à la fois, M. de Frontenac avait d’abord couru au plus pressé. À la première nouvelle des mouvements de Winthrop, il avait rassemblé en hâte à la Prairie de la Madeleine les troupes, les milices canadiennes et quelques Indiens, en tout douze cents hommes, avec lesquels il était résolu à barrer le chemin aux Anglais venant de New-York. Mais ceux-ci n’arrivèrent pas jusqu’à lui. Une épidémie de petite vérole qui exerça ses ravages dans l’armée de Winthrop et fit périr en quelques jours plus de trois cents hommes, amena l’armée à se débander, (les Iroquois accusant les Anglais de les avoir empoisonnés,) et fit échouer l’expédition. Le P. Charlevoix imagine une autre explication de la retraite des Iroquois :

« Pour moi, dit-il, je suis persuadé que dans les motifs de cette retraite, il entra beaucoup de cette politique qui consiste en ce qu’ils ne veulent pas qu’aucune des deux nations européennes entre lesquelles leur pays est situé, prenne une trop grande supériorité sur l’autre, persuadés qu’ils en seroient bientôt les victimes. »

Sur ces entrefaites, et ne sachant encore à quoi