Page:Réveillaud - Histoire du Canada et des canadiens français, de la découverte jusqu'à nos jours, 1884.djvu/164

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

acquis une influence considérable sur toutes les tribus indiennes du pays, ses efforts furent couronnés de succès.

Les Iroquois étaient nos ennemis militaires, si l’on peut ainsi dire, mais au fond ils préféraient notre amitié à celle des Anglais. S’ils se souvenaient toujours que Champlain avait combattu contre eux avec les Hurons, ils estimaient dans les Français cette soudaineté de résolution, cette vivacité d’action, ce quelque chose d’indéfinissable qui, dans l’ancien comme dans le nouveau monde, fait que nous avons des ennemis ardents, mais non irréconciliables. Les Anglais ne présentent ni ces qualités, ni les défauts de ces qualités : aussi les nations sauvages comme les nations civilisées ont-elles été quelquefois leurs alliées, jamais leurs amies.

Quoi qu’il en soit, dix-neuf députés des « cinq nations » se rendirent à Montréal et signèrent, le 8 septembre 1700, les préliminaires d’un traité de paix qui fut définitivement ratifié, le 4 août de l’année suivante, par les délégués de toutes les tribus. Pour laisser, dans l’esprit de ces enfants de la forêt, une impression plus profonde au sujet de l’engagement qu’ils venaient de prendre d’enterrer pour toujours la hache de combat, M. de Callières voulut donner à ce traité de paix une grande solennité.

« On choisit pour cela, raconte Charlevoix, une grande plaine auprès de Montréal, on y fit une vaste enceinte, à l’un des bouts on ménagea une salle pour les dames et pour tout le beau monde de la ville. Les soldats furent placés tout autour, et treize cents sauvages y furent rangés en très bel ordre. M. de Champigny