Page:Réveillaud - Histoire du Canada et des canadiens français, de la découverte jusqu'à nos jours, 1884.djvu/165

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(l’intendant du Canada), le chevalier de Vaudreuil et les principaux officiers environnoient le gouverneur général, qui étoit placé de manière à pouvoir être vu et entendu de tous, et qui parla le premier. Il dit en peu de mots : « Que, comme la paix de l’année précédente n’avoit été signée que des Outaouais et des Hurons, il avoit voulu, cette fois, assembler les députés de toutes les nations, pour leur ôter solemnellement la hache des mains, et déclarer à tous ceux qui le reconnaissoient pour leur père, qu’ils oubliassent tout le passé et remissent tous leurs intérêts entre ses mains ; qu’il leur rendroit une exacte justice ; qu’ils devoient être bien las de la guerre qui ne leur avoit été d’aucun avantage, et que, quand ils auroient une fois goûté les douceurs de la paix, ils lui sçauroient un gré infini de tout ce qu’il venoit de faire pour la leur procurer. » Tous applaudirent avec de grandes acclamations, dont l’air retentit bien loin ; ensuite on distribua des colliers à tous les chefs, qui se levèrent les uns après les autres, et, marchant gravement, revêtus de longues robes de peaux, présentèrent leurs esclaves au gouverneur général, avec les colliers dont ils lui expliquèrent le sens. Ils parlèrent tous avec beaucoup d’esprit, et quelques-uns même avec plus de politesse qu’on n’en attendait d’orateurs sauvages… Le général leur dit à son tour des choses fort gracieuses, et, à mesure qu’on lui présenta des captifs, il les remit entre les mains des députés iroquois. L’orateur des cantons, qui n’avoit point encore parlé, ne dit que deux mots dont le sens étoit : que toutes les nations connaîtroient bientôt combien elles avoient eu tort d’entrer en défiance contr’eux ; qu’ils convain-