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de népotisme et de péculat, vices trop communs aux administrateurs français de cette époque qui ne suivaient que trop docilement en cela les exemples donnés par la cour de Versailles.

L’ancien commissaire de Louisbourg, l’intendant François Bigot, qui exerçait dès lors ses fonctions au Canada, mérite de rester comme le type de ces administrateurs improbes à qui tous les moyens étaient bons pourvu qu’ils grossissent leur fortune, et qui ne craignaient pas de trafiquer sur l’argent et sur les marchandises que l’État leur faisait passer dans l’intérêt de la colonie. Nous retrouverons ce personnage un peu plus tard.

Quant à M. de la Jonquière, et pour en revenir à lui, il convient de n’accepter que sous bénéfice d’inventaire les articulations qui furent formulées contre lui (accusations de s’être emparé du commerce des Pays d’en haut, de faire tyranniser les marchands par son secrétaire, auquel il avait donné le monopole du trafic de l’eau-de-vie chez les Indiens, etc.). Les Pères Jésuites qui furent les principaux propagateurs de ces attaques, paraissent bien avoir poursuivi avant tout une vengeance personnelle. « Ces Pères, écrit Garneau, faisaient toujours la traite dans leur mission du Saut-Saint-Louis, sous le nom de deux demoiselles Desauniers, et envoyaient leur castor à Albany, par contrebande. Cet exemple était imité par d’autres. M. de la Jonquière à qui la Compagnie des Indes se plaignait de cette violation des lois et de son privilège, voulut la faire cesser et sur l’ordre que le roi lui transmit, coupa court au mal en fermant leur comptoir du Saut--