Page:Réveillaud - Histoire du Canada et des canadiens français, de la découverte jusqu'à nos jours, 1884.djvu/338

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

suggestion de Du Calvet, un régiment canadien à deux bataillons. Mais ce corps fut licencié plus tard, la métropole jugeant sans doute qu’il n’était pas prudent d’enseigner l’usage des armes aux colons, et se rappelant que les États-Unis avaient préludé à la guerre de l’indépendance par celle du Canada où ils avaient fait leur apprentissage militaire[1].


Avec l’arrivée du nouveau gouverneur, le général Prescott, coïncidèrent presque les élections qui devaient renouveler la Chambre d’assemblée. Les électeurs de race française furent moins généreux ou moins naïfs cette fois que la première, et ils écartèrent les noms de plusieurs des députés sortants, à cause de leurs tentatives pour proscrire la langue française. D’autre part, le gouvernement, rassuré du côté des États-Unis, avec qui il venait de signer un traité d’amitié et de commerce, et déterminé à angliciser, bon gré mal gré, la population canadienne, allait prendre, vis-à-vis de la Chambre élue, une attitude d’hostilité et de défiance de plus en plus prononcée.

Le général Prescott ouvrit la seconde assemblée provinciale le 24 janvier 1797. Le gouverneur, sous prétexte que la République française envoyait partout des émissaires pour troubler la tranquillité des États, et que le Canada n’était pas à l’abri de ces dangereuses tentatives, demanda et obtint des lois de proscription contre ces émissaires imaginaires et contre les complices qu’ils pourraient avoir au Canada. La loi de l’habeas corpus protectrice de la liberté individuelle fut

  1. Garneau, T. III, p. 113.