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minorité de cinq voix sur une motion de défiance proposée par les conservateurs.

Il restait, il est vrai, au Cabinet la ressource de dissoudre la Chambre et il en usa ; non toutefois sans se reconstituer lui-même dans quelques-uns de ses éléments, pour mieux affronter le suffrage populaire ; c’est ainsi que M. Dorion prit la place de M. Sicotte et s’adjoignit MM. Letellier de Saint-Just, Holton, Thibaudeau, etc., qui représentaient un élément libéral et démocratique plus avancé que les amis de M. Sicotte. Restait à savoir comment se prononceraient les électeurs, juges, en dernier ressort, entre les divers partis. Le Haut-Canada, sous l’influence de M. Brown réconcilié avec le ministère depuis sa transformation démocratique, donna une majorité considérable aux candidats ministériels ; mais d’autre part, le Bas-Canada, mis en défiance par la rentrée en scène de ce même M. Brown, se rangea plus que jamais derrière les conservateurs et n’envoya à la Chambre qu’un petit nombre de libéraux de la nuance de M. Dorion.

En somme, les deux partis, majorité dans une province et minorité dans l’autre, se trouvèrent à la nouvelle Chambre de force à peu près égale. Le ministère J.-S. Mac Donald-Dorion ne laissa pas de gouverner quelque temps dans ces conditions, soutenu par des majorités qui variaient de deux à huit voix. Tous les jours amenaient des luttes ardentes, des récriminations amères, des démêlés sans cesse renouvelés entre les deux partis rivaux, et le seul résultat pratique, ou à peu près, d’une session de trois mois (1863), fut une loi qui réorganisait les milices volontaires et une autre loi qui établissait une institution de crédit foncier.