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ou non de former un peuple à part et dans le cas de l’affirmative quelles pourront bien être, sur le continent américain, les destinées de ce peuple, les chances de son expansion, les frontières probables de son apanage, les perspectives de ses relations futures tant avec son ancienne mère-patrie qu’avec la grande République américaine et avec le gouvernement britannique dont il accepte encore aujourd’hui la suzeraineté nominale ? C’est à ces diverses questions que nous voulons, dans ce dernier chapitre, essayer de répondre selon nos lumières.


Tout d’abord affirmons de nouveau que nous croyons profondément à l’avenir de la nationalité franco-canadienne. Les exemples sont rares dans l’histoire moderne de nationalités complètement absorbées, étouffées sous la pression de nations plus fortes, alors même qu’une prescription plusieurs fois séculaire semblerait avoir couvert les faits de conquête et d’oppression de leurs vainqueurs. Notre siècle, en particulier, a vu le réveil de plusieurs nationalités qu’on avait pu croire éteintes depuis plusieurs siècles et dont quelques-unes sont même arrivées à reconquérir, sur leurs antiques oppresseurs, leur pleine indépendance politique. Telle la Grèce, récemment arrondie de la Thessalie ; telles la Roumanie, la Serbie, la Bulgarie, délivrées du joug séculaire des Turcs. La constitution actuelle du royaume d’Autriche-Hongrie a rendu aux Hongrois l’indépendance nationale dont ils se montraient si justement jaloux et, à leur tour, les Tchèques de Bohême, les Moraves, les Galliciens, les Croates et Dalmates commencent, en face des Allemands et des Madgyars, à rappeler les sou-