Page:Racine - Abrégé de l’histoire de Port-Royal, éd. Gazier, 2e éd.djvu/182

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Provinciales que les jésuites n’abusassent un jour, contre la doctrine de saint Augustin, de la condamnation des cinq propositions, il voulait non seulement qu’en signant le formulaire on fît la distinction du fait et du droit, mais qu’on déclarât qu’on ne prétendait en aucune sorte donner atteinte à la grâce efficace par elle-même ; parce qu’à son avis, plutôt que de laisser flétrir une si sainte doctrine, il fallait souffrir tous les plus mauvais traitements, et même l’excommunication. M. Arnauld soutenait au contraire que c’était faire injure à la véritable doctrine de la grâce, de témoigner quelque défiance qu’elle eût pu être condamnée, et qu’elle était assez à couvert, et par la déclaration d’Innocent X, et par le consentement de toute l’Église. Qu’au reste, le schisme était le plus grand de tous les maux ; que l’ombre même en était horrible, et qu’il fallait sur toutes choses éviter d’y donner occasion. Ces deux grands hommes écrivirent sur cela l’un et l’autre, mais sans sortir des bornes de la charité, et sans blesser le moins du monde l’estime mutuelle dont ils étaient liés, et qu’ils ont conservée jusqu’au dernier soupir. M. Pascal mourut entre les bras de M. de Sainte-Marthe, ami intime de M. Arnauld, et l’un des plus zélés défenseurs des religieuses de Port-Royal. Mais voici ce qui a donné lieu à croire le contraire de ce que nous disons.

M. Pascal, dans quelque entretien qu’il eut avec le