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ASSOCIATIONS OUVRIÈRES DANS LA GRANDE-BRETAGNE.

tion de la société mère, dont les restes vinrent grossir l’Equitable Cooperative Society, mais en l’arrêtant dans sa marche. Les dernières nouvelles de Brechin semblent toutefois satisfaisantes.

Le mouvement coopératif s’est propagé tard en Écosse, mais il a mis tous esprits en fermentation ; s’il faut en croire les correspondances, il n’y a guère de ville ou de village qui ne soit en train d’appliquer le nouveau système. Comme de juste, la progressive Glasgow se distingue entre toutes. Édimbourg reste un peu en arrière ; cependant, une société très-intéressante y a pris naissance : la Coopérative Building Society, fondée par des ouvriers, des maçons principalement, dans le but de créer des logements à bon marché.

C’est à peine si les joyeuses nouvelles de la coopération semblent avoir pénétré dans la pauvre et ignorante Irlande. Mention nous est faite cependant de deux sociétés fondées, nous ne savons avec quel succès, à Dalkeith et dans la bourgade, au nom romantique et fort peu connu d’Inchicore. À Dublin, ville semi-anglaise, il s’est formé un store sous la présidence de M. Hayes, un homme de grand mérite, qui propose l’achat d’une pièce de terrain considérable devant être consacrée à la culture maraîchère par des jardiniers associés : Erin go bragh !


Nous résumons, d’après le traité de M. Salked, Cooperative Societies, their workings and their results, les réglementations principales établies par les Sociétés coopératives sur le modèle qu’en avait déjà donné Rochdale.

Leur but est le bien-être des sociétaires ; le moyen, l’économie ; l’instrument, les stores ou magasins.

Achats et ventes se font exclusivement au comptant ; car pour les stores la première condition du succès est de ne faire crédit à personne, et d’éliminer toute chance de perte en ne se découvrant jamais. Vendant à crédit, le magasin social serait obligé d’acheter lui-même à crédit. Il renoncerait ainsi pour lui et pour ses actionnaires au bénéfice de l’escompte, en immobilisant une partie de son capital, et en s’interdisant des profils dont ne pourraient pas lui tenir lieu des crédits accordés au taux même le plus usuraire. Il est de bonne régie de faire servir le même capital, sept, huit ou même neuf fois dans l’année ; c’est ce que les Anglais appellent le retourner ; et à chaque révolution il produit un intérêt fort modeste de 2 ½ à 3 %, qui, multiplie par 7 ou 9, donne des bénéfices de 20 ou 30 %. On a dit que le Store était une banque où le pauvre accumulait son petit pécule sou par sou, à la seule condition de payer comptant les denrées qu’il aurait pu peut-être acheter à crédit ailleurs, mais plus cher et d’une qualité inférieure. Le Store est cela, mais mieux encore : c’est une association de fournisseurs qui disent aux ouvriers : Tout ce que vous voudrez nous acheter vous sera compté au prix de revient du