Page:Revue de linguistique et de philologie comparée, tome 41.djvu/101

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 91 —

« naître », où peut se retrouver l’idée de « division, coupure en deux », de zortzi « huit », car, dans beaucoup de langues, huit est un duel, est formé de deux ou est apparenté à deux. On pourrait supposer que zor est le « deux » basque primitif et que bi a été emprunté à l’Indo-européen. Mais bi a formé des mots importants, ne serait-ce que biholz « cœur » (« deux bruits », explique-t-on), bitarte « intervalle ». (Cf. le nom Aizpitarte « espace entre deux rochers ».) Peut-être bi et zor différaient-ils comme « deux » et « paire, couple ».

Il ne me paraît pas douteux que sei et zazpi aient été empruntés.

Quant à bortz « cinq », il apparaît a priori comme un composé fortement altéré ; le b initial, le tz final le prouveraient. Il ne serait pas impossible qu’il représentât « un et quatre », bat-laur-etz « un qui suit quatre, qui s’ajoute à quatre ». Le l initial de laur a pu devenir d ou z : on a des exemples de ces permutations. Je n’insiste pas. Laur lui-même est peut-être pour laurez qui se rattacherait à zor « deux », avec quelque chose comme cette idée « deux répété, deux suivi de deux », etc.

La forme première de « trois » a dû être her ou plutôt ker (cf. heren « tiers » ; erenegun, herenegun, areanegun, araiñegun « avant-hier »).

Au demeurant, le basque primitif, comme beaucoup d’autres langues, n’aurait connu que les trois premiers nombres qui auraient été bat « un », zor « deux », ker « trois ». Ce ne sont là que des hypothèses extrêmement incertaines et fort discutables.