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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1880.djvu/43

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DE L’ENSEIGNEMENT POPULAIRE
PAR LES AFFICHES



N’avez-vous pas remarqué souvent avec quel soin, je dirais presque avec quel excès de conscience, l’enfant, l’ouvrier et le campagnard lisent tout ce qui se présente à eux sous forme d’affiche ? Voyez-les groupes devant une muraille bariolée de feuilles blanches, roses où jaunes ; ils épellent à demi-voix les noms difficiles à retenir ; ils soulignent du doigt les passages les plus intéressants ; de temps à autre éclate une de ces exclamations du langage populaire qui apprécie d’un seul mot un décret, une profession de foi, un programme, le récit d’un acte de courage.

Le paysan qui n’aurait jamais songé à demander dans une bibliothèque publique un traité d’hygiène et de médecine usuelle, en lira volontiers les prescriptions sur les placards émanés de la mairie ou de la préfecture. L’écolier et l’artisan qui regarderaient comme une tâche pénible de puiser dans un livre quelques notions d’histoire naturelle, de botanique, de physique et de chimie industrielles, ne redouteront nullement de lire cela chaque semaine dans les colonnes du Moniteur des communes, affiche encyclopédique, où les lettrés eux-mêmes trouvent plus d’une note intéressante à transcrire sur leur carnet.

Il y a dans ces dispositions quelque chose à exploiter au profit de l’instruction populaire.

Qui parle ainsi ? De qui émane cette opinion aussi juste que nouvelle ? D’un homme non moins savant que modeste, né en Savoie, mais formé à l’école de Genève, par conséquent ami zélé de l’instruction du peuple, observateur