Page:Rouquette - La Thébaïde en Amérique, 1852.djvu/91

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Alas ! speak not of pleasure uncontroll’d ;
Of earthly joys,
All childish toys ; —
Speak not : — I will not, cannot be consol’d !

Speak not of feelings, raptures, yet untold : —
They swell our breast,
But leave unblest ; —
Speak not : — I will not, cannot be consol’d !


To suffer and to pray, —
To love and suffer still :
Such be my doom eaoh day,
Each hour so dark and chill !

My Saviour, Friend and All,
How bitter-sad’s my heart ;
But sweet to me is gall : —
’Tis Mary’s better part !

Didst thou not suffer, die, —
So great thy love for me ?
Say then, say how could I
Complain in agony ?

Did not the Saints for thee
Their tears and blood all shed ?
As they, must I not be ? —
I love ! — what can I dread ?


Voilà quel a été l’esprit de tous les Saints ; voilà surtout, comme nous venons de le voir, quel a été l’esprit de Sainte-Rose et de Sainte-Marianne.

Après ces deux exemples, qui nous touchent de si près, quel prétexte ou quelle excuse pourrait alléguer notre lâcheté, pour se rassurer dans une vie molle et sensuelle ; comment pourrait-elle espérer de se justifier au tribunal de Jésus-Christ ? Sans doute, nous ne devons pas les prendre en tout pour modèles, mais nous devons les imiter en beaucoup de choses ; car nous avons à lutter contre le même climat, la même corruption de mœurs, les mêmes difficultés physiques et morales.

Sainte-Rose de Lima et Sainte-Marianne, le Lis de Quito, ont eu un égal amour pour la solitude et les austérités, pour la prière et la contemplation ; elles ont été solitaires, elles ont vécu en ascètes, quoiqu’au milieu du monde et de la famille. L’esprit de retraite et l’esprit de mortification, voilà donc ce qui a si fortement caractérisé les deux premières Saintes d’Amérique : n’est-ce pas là un avertissement que Dieu vous donne, à vous qui aimez le monde, et qui flattez votre chair ; à vous qui craignez la souffrance, et qui repoussez la croix, comme trop lourde et trop pénible à porter ?… Oh ! voyez comme le chemin qui mène au Calvaire est désert aujourd’hui ! L’herbe et la ronce y croissent en abondance, sans être foulées et ensanglantées par les pieds meurtris des disciples nombreux ; l’absinthe y pousse et se flétrit, sans être cueillie par les ardents imitateurs de Celui que l’amour a fait descendre des cieux, et qui a bu sur la croix son calice d’amertume. — Voyez comme les vierges folles l’ont abandonné, pour courir dans des sentiers fleuris et détournés ! Et voyez comme les hommes aussi s’éloignent de cet ami divin, pour suivre ces vierges folles, au milieu des fleurs et des parfums, dans les voies ténébreuses de la chair ! — Ô hommes aveugles ! en voyant la plupart des femmes mondaines d’aujourd’hui ; en voyant ces profanes poupées, ces froides idolâtres de la toilette, ces esclaves prodigues d’un luxe effréné, ces avides et fiévreuses lectrices de romans et de feuilletons, ces folles fréquenteuses de bals et de spectacle ; ô hommes aveugles ! en les voyant en si grand nombre, et à la tête de l’incrédulité railleuse, comment pouvez-vous ne pas vous écrier, avec le sombre et sceptique Idaméel :

Ô femmes ! sous nos pas embûche si profonde,
Flot le plus orageux de l’Océan du monde,
Pour vous livrer son sort qu’il faut être insensé !
Le désespoir habite où la femme a passé,