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autres espèces ; mais elle est plus dure, moins substantielle, ce qui fait que les bêtes à cornes ne la mangent pas volontiers. Elle produit en volume, un cinquième de plus que l’avoine ordinaire ; elle donne communément cinq septiers par arpent, mesure de Paris. » Tel est ce que nous avons pu recueillir de plus positif sur l’avoine de Hongrie.

Quelques auteurs, d’après Bauhin, distinguent deux espèces d’avoine, l’une qu’ils appellent avoine d’hiver, avena hiberna, & l’autre, l’avoine du printems, qui est celle que nous avons décrite. J’ai vainement examiné cette première pour juger en quoi elle différoit de la seconde, & elle m’a paru exactement la même espèce. Cette nomenclature inutilement multipliée, induit en erreur. Le tems de semer n’a jamais constitué une espèce.

III. Du terrain qui lui convient, & de sa préparation. Chaque pays a ses usages, & la culture varie du plus au moins d’une province à l’autre. La nature du sol contribue pour quelque chose, & la coutume décide plus souverainement, que la valeur du terrain. Dans certains cantons on destine les terrains maigres aux avoines ; dans d’autres, ce sont les terres fortes, & dans quelques-uns où l’on alterne, (voyez ce mot) l’avoine est semée dans les bons fonds. Il est constant que plus le fonds est fertile, plus l’avoine est belle, sa paille bonne & son grain mieux rempli, plus farineux ; & tout cela dépend beaucoup de la constitution de l’atmosphère, pendant l’année ; d’où est venu le proverbe : mieux vaut un bon tems qu’un bon champ. Si l’année est pluvieuse, les terrains maigres donneront de belles avoines ; si elle est sèche, la récolte sera abondante dans les terres fortes, parce qu’elles retiennent l’humidité dans leur intérieur ; ainsi, tout en général est relatif.

Pour avoir une idée claire de la nature du terrain que l’avoine exige, il suffit de considérer que ses racines tallent beaucoup ; & que toutes circonstances égales, on ne parvient à avoir de superbes récoltes, qu’autant que les racines ont beaucoup tallé : dès lors une terre maigre & dure ne lui convient pas ; la terre argileuse est dans le même cas ; mais pour que les racines tallent ainsi qu’il convient, la terre doit donc avoir été profondément labourée, & souvent labourée & bien amendée. (Voyez ce mot)

Voilà pour la perfection.

Il sembleroit résulter de ce qui vient d’être dit, que l’avoine doit toujours être semée dans un bon terrain. Cette manière de raisonner, vraie dans le fond, seroit dangereuse pour les conséquences, puisqu’il en résulteroit l’abandon des mauvais terrains, & peu à peu ils seroient convertis en friches. Il y a un milieu par-tout ; il vaut mieux avoir une récolte médiocre que rien du tout, & même n’avoir que deux ou trois pour un, s’il reste encore du bénéfice lorsque les frais sont prélevés.

Je distingue dans les terrains maigres ceux qu’on ne cultive en avoine que tous les trois ou quatre ans après les avoir écobué, (voyez ce mot) & quelques fois même après cinq ou six ans ; telles sont les pentes des montagnes où la terre a peu de fond, &, ceux qu’on laisse en jachère pen-