Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1782, tome 2.djvu/386

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empire, qu’à acquérir des connoissances, ne commencèrent guère à écrire qu’après les triomphes des Lucullus & la défaite de Mithridate. Les ouvrages des Valgius, Musa, Euphorbius, Æmilius Macer, Julius Bassus, Sextius Niger, ne sont connus que parce qu’ils sont cités par Pline, & la botanique ne fit pas de grands progrès entre leurs mains. Caton & Varron s’occupèrent directement de l’agriculture. Dioscoride rendit la botanique intéressante & utile, en faisant non-seulement l’histoire des herbes, comme on l’avoit faite jusqu’à son tems, mais encore en donnant celle des arbres, des fruits, des sucs & des liqueurs que les végétaux fournissent. Dans son ouvrage, il fait mention d’environ 600 plantes, & il en décrit 410. Il ne nous a laissé que les noms & les propriétés des autres.

À peu près dans le même tems, Columelle, le père de l’agriculture, composa un très-grand ouvrage sur cet objet, dont il nous reste encore 13 livres. Les excellens préceptes qu’il donne aux cultivateurs sont de tous les tems, & conviennent presqu’à tous les pays ; aussi nous sommes-nous fait un plaisir d’en citer quelques-uns. (Voyez le mot Agriculture, au commencement, pag. 252 ; & à la fin, pag. 285.) Pline parut ensuite, & nous a laissé l’état exact des connoissances des romains en botanique : il a décrit des plantes, comme dit Gesner, en philosophe, en historien, en médecin & en agriculteur. Pline porte le nombre des plantes connues de son tems à près de 1 000. Il faut mettre les œuvres de Palladius, avec celles de Caton, Varron, Columelle, & en général, on peut dire que les romains ont écrit plutôt sur l’agriculture, que sur la botanique.

Galien, dont la médecine se glorifie à si juste titre, & que ses ouvrages font placer à côté d’Hyppocrate, après un très-grand nombre de voyages dans différens pays, s’appliqua à donner à ses contemporains une histoire des plantes, faite avec le plus grand soin. Durant la chûte de l’empire romain, la botanique, cette science si utile fut absolument négligée, & elle resta dans l’oubli jusqu’au tems des arabes.

Ce peuple conquérant, après avoir soumis à l’alcoran la moitié de l’ancien hémisphère, se livra à l’étude des sciences, durant les beaux jours qui distinguèrent le règne de leurs principaux califes ; mais ils embrouillèrent plutôt qu’ils n’expliquèrent la botanique des anciens grecs & romains. Sérapion, Rhazes, Avicenne, Averroès, Abenbitar, &c. &c. furent des commentateurs plus obscurs que les auteurs dont ils s’érigèrent les interprêtes : cependant on doit leur savoir gré de leurs travaux ; ils ont tiré de la nuit & de l’oubli les ouvrages qui nous restent. Après eux, l’ignorance étendit son voile épais, & enveloppa de ses ténèbres l’univers jusqu’à la fin du quinzième siècle, où l’on commença à s’occuper de cette science. Insensiblement ce goût s’accrut, la botanique prit une forme, les plantes furent examinées & étudiées de plus près, & les voyages, les fatigues & les travaux de Dalechamp, de Belon, de Césalpin, de Clusius, de Lobel, de Prosper Alpin, des deux frères Bauhin, de Parkinson, de Magnol, nous ont fourni ce que